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  • Mecano Girl - Janet Evanovich

    J’ai un secret un peu honteux, qu’il m’arrive d’exposer. J’aime la chick-lit anglo-saxonne. Elle est bien fait, c’est du bon ouvrage, de professionnels qui savent s’adresser à leur public : moi. Autant je reste pantoise qu’on puisse trouver le moindre talent à Guillaume Musso ou Marc Levy (j’ai lu quelques livres de chaque, histoire de me faire ma propre opinion), autant je me transforme en groupie choupinette dès que je croise la route de Jennifer Weiner, Marian Keyes, Isabel Wolf ou Sophie Kinsella.

    Voilà voilà.

    C’est donc le cœur léger et l’œil pétillant que je me suis lancée à la découverte de Mecano Girl, roman de la prolifique Janet Evanovich. Autant le dire tout de suite, amateur de finesse et de subtilité, passez votre chemin. Ici, on dirait que l’auteur a suivi pas à pas le mode d’emploi du parfait roman estival-pas prise de tête-avec un peu d’amour-et aussi du suspens.

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    Quelqu'un a été payé pour concevoir cette couverture.

     

     

    Dois-je vous raconter l’histoire ? Notre héroïne est une jeune fille, garçon manqué mais tellement sexy bien sur, qui s’inquiète pour son frère qui s’est mis dans de sales embrouilles. Le cœur aussi large qu’elle a de longues jambes, notre belle héroïne Alexandra s’envole pour Miami afin de retrouver le frère en question. Sa route va évidemment croiser celle d’un beau mâle, Sam, aussi énervant qu’indispensable à son enquête. Je vous laisse deviner la fin téléphonée (oui, ils vont se faire des bisous, plein de bisous, après avoir esquivé les balles des méchants)

    Ai-je aimé ? Bah oui, un peu, pas mal même. Disons que c’est le genre de bouquin efficace qui fait son office aussi bien qu’un antidépresseur, sans les effets secondaires. Cela m’a fait sourire, rire, et même les clichés les plus bateau de la littérature romantique ont leur utilité : s’esclaffer et retrouver de la bonne humeur en quelques pages. Il fallait que cela soit dit :)

     

     

     

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  • Au printemps il y a les pivoines

    Ma fleur favorite est la pivoine. Je n’aime rien tant que regarder des lithographies où s’élancent de majestueux échassiers. Une fois, quelqu’un m’a qualifié d’impératrice de Chine ratée, car j’ai, semble-t-il, la cruauté, l’autorité et l’esthétisme qu’on prêt dans l’imaginaire aux impératrices de Chine.

    Hélas, je ne suis que moi. Et moi, j’aime bien lire, pour découvrir, mais surtout pour nourrir mon imaginaire et mes fantasmes. Et en parlant d’impératrices, ou de Chine tout court, mon imaginaire se prend de folie. Un jour j’irai en Chine, observer les toits des temples, les pivoines, et puis les oiseaux. En attendant j’ai les livres de Pearl Buck.

     

     

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  • Booz Endormi

    Je profite du challenge Victor Hugo, initié par Claudialucia, pour partager avec vous un poème de Victor Hugo: Booz Endormi, tiré de l’incroyablement belle Légende des Siècles.

    Il est particulier, ce poème. Bon, c'est Victor Hugo, donc forcément c'est géant et puissant, mais c'est aussi facétieux !

    Et sinon, vous, tout va bien ?

     

     

     

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    Booz s'était couché de fatigue accablé ;
    Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;
    Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
    Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.

    Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ;
    Il était, quoique riche, à la justice enclin ;
    Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ;
    Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge.


    Sa barbe était d’argent comme un ruisseau d’avril.
    Sa gerbe n’était point avare ni haineuse ;
    Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse ;
    « Laissez tomber exprès des épis, » disait-il.

    Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
    Vêtu de probité candide et de lin blanc ;
    Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
    Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.

    Booz était bon maître et fidèle parent ;
    Il était généreux, quoiqu’il fût économe ;
    Les femmes regardaient Booz plus qu’un jeune homme,
    Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.

    Le vieillard, qui revient vers la source première,
    Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ;
    Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens.
    Mais dans l’œil du vieillard on voit de la lumière.

    *
     
    Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens.

    Près des meules, qu’on eût prises pour des décombres,

    Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ;
    Et ceci se passait dans des temps très-anciens.

    Les tribus d’Israël avaient pour chef un juge ;
    La terre, où l’homme errait sous la tente, inquiet
    Des empreintes de pieds de géants qu’il voyait,
    Était encor mouillée et molle du déluge.

    *
     
    Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,
    Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ,
    Or, la porte du ciel s’étant entre-bâillée
    Au-dessus de sa tête, un songe en descendit.

    Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne
    Qui, sorti de son ventre, allait jusqu’au ciel bleu ;
    Une race y montait comme une longue chaîne ;
    Un roi chantait en bas, en haut mourait un Dieu.

    Et Booz murmurait avec la voix de l’âme
    « Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ?
    Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt.
    Et je n’ai pas de fils, et je n’ai plus de femme.

     » Voilà longtemps que celle avec qui j’ai dormi,
    Ô Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre ;
    Et nous sommes encor tout mêlés l’un à l’autre,
    Elle à demi vivante et moi mort à demi.
     

    » Une race naîtrait de moi ! Comment le croire ?
    Comment se pourrait-il que j’eusse des enfants ?
    Quand on est jeune, on a des matins triomphants ;
    Le jour sort de la nuit comme d’une victoire ;

     » Mais, vieux, on tremble ainsi qu’à l’hiver le bouleau ;
    Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe.
    Et je courbe, ô mon Dieu ! mon âme vers la tombe,
    Comme un bœuf ayant soif penche son front vers l’eau. »

    Ainsi parlait Booz dans le rêve et l’extase.
    Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ;
    Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
    Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.

    *
     
    Pendant qu’il sommeillait, Ruth, une moabite,
    S’était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
    Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
    Quand viendrait du réveil la lumière subite.

    Booz ne savait point qu’une femme était là.
    Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d’elle.
    Un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle ;
    Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.

    L’ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
    Les anges y volaient sans doute obscurément.
    Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
    Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.

    La respiration de Booz qui dormait,
    Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
    On était dans le mois où la nature est douce,
    Les collines ayant des lys sur leur sommet.

    Ruth songeait et Booz dormait ; l’herbe était noire ;
    Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
    Une immense bonté tombait du firmament ;
    C’était l’heure tranquille où les lions vont boire.


    Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
    Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
    Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre
    Brillait à l’occident, et Ruth se demandait,

    Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
    Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été,
    Avait, en s’en allant, négligemment jeté
    Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.