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Bavardages - Page 56

  • Pierre Bayard

     

    Lire, c’est une bonne partie de ma vie, et je me rends compte que je n’en parle pas assez ici. Pas autant que je le voudrais. Parce que je suis une vilaine jalouse : quand j’ai un bouquin, je veux le garder pour moi, bien le savourer dans ma tête avant d’opérer un quelconque partage. De fait, je ne critique que peu les bouquins au moment de leur sortie, c’est rare. Ce qui m’amène à parler d’un livre, à part ceux que l’on met gracieusement à ma disposition, c’est une sorte de pulsion qui s’anime on ne sait comment ni pourquoi.

    Ce liminaire juste pour que vous ne vous étonniez pas du décalage entre les bouquins dont je choisis de parler et l’actualité littéraire.

    Or donc, ce jour, me vient l’envie de vous parler de Pierre Bayard, un putain de bon écrivain, comme il s’en fait de moins en moins visible dans nos médias habituels...

     

    pierre bayard, lecture


    Aujourd’hui parlons de ce délicieux ouvrage : « comment parler des livres que l’on n’a pas lu ? »

    Je suis certaine que c’est un titre qui trouvera écho auprès de pas mal d’entre nous… ce titre est provocateur et peut sembler viser à la moquerie, mais tout juste s’agit-il d’ironie. La douce ironie du véritable homme de lettres.

    Passé le premier paragraphe assez osé, où l’auteur explique qu’il n’a pas le temps de lire, puisque il trop occupé à enseigné la littérature, on s’engage vite dans la véritable démarche de l’auteur : lire c’est quoi ? Nous lisons tous des livres, (enfin, je crois) mais tous à notre manière. Il y a les livres qu’on a lu de la première à la dernière ligne, les livres dont on nous a parlé et que bon finalement pas la peine de le lire pour en parler. Et puis il y a les souvenirs qu’on a des livres de notre lointain passé, avec ce que le temps opère de modifications à notre mémoire. Comme il y  a un méta langage, il ya une méta lecture.

    S’appuyant sur des exemples de lecteurs célèbres, Pierre Bayard fait surtout l’apologie de la lecture comme plaisir libre et renouvelé, qui n’obéit à aucun carcan. Il y autant de version d’un même livre  qu’il y a de lecteurs. Ce qui reste en définitive, c’est le souvenir intérieur de ce livre, propre, de fait, à chacun de nous. Il y a une sorte de bibliothèque universelle, dans laquelle il nous est donné de tracer notre propre labyrinthe.

    J’aime cet éloge de la lecture libre, parce qu’il la désacralise, il l’ouvre au plus grand nombre. Quel lecteur peut se targuer d’être le plus près de la vérité livresque ?

  • Haïr fatigue

    C'est Jean Rostand qui nous fournit le titre du jour, Dieu qu'il était lucide...

     

    Impossible d’ouvrir l’ordi, le journal, la télévision en ce moment, sans que je ne ressente une drôle de colère. J’ai l’impression de faire ma vieille bique snob, mais c’est de pire en pire. Quoi, me direz-vous ? Tout.

    Je deviens intolérante à la médiocrité, à tout ce qui m’explose à la figure chaque jour.

    Je ne supporte plus la façon dont je ne sais qui essaye de nous vendre le candidat Dominique Straus-Kahn, à toute force, lequel vient nous dire à la télé qu’il écoute son épouse. Je suppose qu’Anne le conseille régulièrement sur la façon de gérer ses infidélités avérées... Sa vie perso je m’en fiche, mais qu’on me l’impose comme étant LE candidat providentiel, ça commence à être un peu relou…. D’autant que les scientifiques cherchent toujours une trace de gauche dans les idées de DSK…

    J’en ai ras le bol qu’on me présente unilatéralement Florence Cassez comme une pauvre jeune fille innocente qui aurait vécu des années avec un dangereux chef de gang, sans qu’elle ne voit jamais rien des otages retenus chez eux. C’est connu l’amour rend aveugle. J’en ai marre qu’on oublie les autres français détenus dans le monde, ne serait-ce que Mickael Blanc ou Salah Hamouri : faut dire qu’ils sont moins choupi à l’écran…

    J’en ai marre des merdes qui deviennent pléthoriques à la télévision. Et même si je ne regarde pas, je suis parasitée par ceux qui trouvent que ça fait un excellent sujet de conversation sur Twitter, au travail, dans le bus etc.… j’en ai rien à carrer des tentatives de TF1 et consorts de vider mon cerveau et le remplir de coca. Et ça m’énerve encore plus de voir que ça n’énerve pas les autres. Je déteste l’idée que « tu comprends, à la fin de la journée, j’ai juste envie de me détendre tu voix, je sais que c’est de la merde, mais je regarde au second degré »… Non : regarder c’est cautionner, c’est apporter de l’argent aux moulins de ces videurs de cerveaux. Que faire de son âme, de sa sensibilité ? Comment les nourrir si on les expose constamment à la médiocrité, même sous prétexte de détente ? La vie est courte, doit-on la passer à la (fausse) détente, ou à essayer d’améliorer ce qu’on est ?

    En attendant, je ne fais pas mieux je crois. Je note, je souligne, je fais des petites listes des choses qui me font plaisir, pour de vrai.

    Je remplis mon agenda de dates rêvées et de rendez-vous fantasmés avec l’inconnu, le merveilleux…

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    Merci à l'inconnu au loin qui m'a offert cet agenda...


    Et je crois que je développe une obsession, écrire au bic….

     

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    Ça ira mieux demain, Yannick Haenel m’a redonné le sourire…

  • Le genou du lapin

    A Besançon dans le Doubs, il y a parfois des chiens qui s’égarent dans des rues sombres le soir.

    A Besançon dans le Doubs, il y a peu d’activité pour les chiens le soir. Imaginez dons la  détresse d’un pauvre chien solitaire. Un bâtard qui plus est, assez moche, blanc, des taches fauves disposées bizarrement, formant comme une sorte de constellation irrationnelle. Quoi qu’on peut se demander s’il existe des constellations rationnelles.

    Ralph, le chien, cherchait un bar accueillant, histoire de noyer son chagrin. Enfin, chagrin, pas vraiment. Plutôt une sorte de dérèglement de l’humeur, que lui avait refilé Antoine le chat, comme on refile un microbe à son voisin.

    Une enseigne accueillante, une porte fermée sur des rires et des hourras bruyants, on était bien le soir de la finale de curling à douze du département…. Ralph poussa la porte du troquet et s’installa pour regarder lui aussi la retransmission, espérant trouver là un dérivatif à sa mauvaise humeur…

    La salle était chaude et sentait la soupe de potiron. Ralph en commanda un bol, se souvenant dans un rire, du jour où Antoine le chat avait plongé dans un plein chaudron de soupe au potiron pour se suicider après une déception amoureuse…

    Voilà le problème, Antoine essayait un peu trop souvent d’en finir avec la vie féline, à cause de ses amours contrariées. Antoine ne concevait l’amour que compliqué et contrarié. Une vraie paraphilie ! Une sorte de force satanique le poussait toujours vers les passions brûlantes et impossibles... Antoine…

    La soupe était bonne et le parfum de potiron embaumait. Les cris fusaient continuellement à chaque exploit de l’équipe locale de curling.

    Ralph termina sa soupe, avant de plonger sa truffe dans une espèce d’alcool de patate aussi rêche qu’un baiser de femme à barbe…

    Après quelques verres, il fut temps pour lui de repartir, histoire de dormir un peu, avant d’affronter les nouvelles lubies d’Antoine le lendemain.

    Revenu à l’appartement, Ralph tituba directement vers son lit, comme victime d’ataxie et sombra dans un sommeil heureux, et aviné !

    Quelques trop courtes heures plus tard, un bruit sourd réveilla Ralph. Ça venait de la cuisine… A pattes de velours, Ralph s’avança vers le bruit... Dans la cuisine au papier peint Vasarely-like, se tenait une partie de curling !!

    Antoine le chat fêtait la victoire de son équipe en rejouant une partie dans la cuisine, en compagnie d’un papillon pour le moins bigarré…

    Antoine présenta donc Chloé, une jeune fille papillon, qu’il avait rencontrée au cours de danse de Monsieur Nikos, le roi de la rumba, et fan avérée de Justin Bieber.

    Ralph essaya d’atteindre la cafetière, en évitant les deux compères, hilares. Le pauvre chien chuta sur le balai en mouvement, et vint buter sur une spatule qui n’avait rien à faire sous ses pattes !! Bien grincheux et mal disposé au curling dans la cuisine, Ralph réussit à attraper une tasse, du café et fila se réfugier au salon.

    La chaleur du breuvage commençait à lui redonner des forces et il se dit qu’Antoine allait bien mieux finalement…

    Soudain, un bruit encore. Non ! La lampe du salon vola en éclat ! Un mauvais coup de balai, la pierre qui voltige et le curling cuisinier fait sa première victime…

    Tout sautillant Antoine ne laissa pas à Ralph le temps de protester, que déjà il entretenait son ami de tout autre chose ! Un fabuleux cours de danse, voilà ce qu’il te faut lui asséna-t-il ! Vient avec Chloé et moi, Monsieur Nikos te redonnera vie !

    Ralph n’était pas très enthousiaste… Ecrivain raté, il perdait son temps comme scribouillard pour Genoux Magazine, la revue des amis du genou, et il avait justement un article à rendre pour le jour suivant. L’inspiration s’était faite la malle avec l’alcool de patate de la veille, et si certains trouvaient une source d’écriture avec quelques vodkas, lui, sa seule récolte, c’était un mal de crâne carabiné. Oui les maux de crâne sont toujours carabinés….

    Bref, un papier à rendre, pas d’idée, la tête de travers… Monsieur Nikos ne pouvait empirer la situation. Voire même, la danse, le genou, il pourrait peut-être trouver matière à un article pour Genoux Magazine ?!

    La petite bande partit donc.

    Le cours de Monsieur Nikos promettait d’être spécial ! Monsieur Nikos était une femme !!!

    Quand il apprit que Ralph était journaliste, Il s’ouvrit à lui de son histoire. Monsieur Nikos était un homme auparavant, qui rêvait d’une carrière brillante d’amuseur à la télévision. Mais il était affublé d’un horrible zézaiement, tellement prononcé, qu’il échouait à tous les castings de présentateur de téléréalité. Il voyait ainsi une merveilleuse carrière de présentateur à smoking du vendredi soir lui échapper, aussi sûrement qu’échappait John l’ornithorynque aux canons de la beauté bisontine…

    Pourtant Monsieur Nikos aimait les paillettes, le strass et les pistes de danse, la musique, les boules à facette. Tout ce qui faisait battre son cœur lui était refusé, à cause d’un stupide zézaiement…. Il faut dire que ces origines doubiennes et cet accent prononcé, rajoutaient à ses difficultés de starification… Dire que des préadolescents à la voix de fausset étaient acclamés par des foules entières…

    Le cœur lourd, Monsieur Nikos avait décidé d’abandonner sa quête du strass et des paillettes, avant qu’une petite annonce pour le cabaret de René La Taupe à Fromenville-les-deux-oies, ne lui ouvre de nouveaux horizons ! Là, il découvrit, heureux, les joies de la scène transformiste. Ses nouveaux camarades à faux seins et perruques blond platine, l’acceptaient comme tel, avec sa différence. Son zézaiement n’était plus un obstacle au show. Muni de nouveaux attributs mammaires, Monsieur Nikos s’épanouit dans la chanson française des années 70 ( même Mireille Mathieu, c’est te dire…).

    Après quelques années de spectacles merveilleux, Monsieur Nikos décida que Fromenville-les-deux-oies était trop étriquée pour son talent, et décida d’aller enseigner la bonne parole du booty qui shake dans cette bonne ville de Besançon, qui l’avait vu naître zézayant !

    Ralph était enchanté de cette histoire, mais il lui fallait encore trouver un angle propre au genou : les lecteurs de Genoux Magazine sont très exigeants !

    Soudain, un lapin apparut dans la salle de danse ! Appuyé sur un parapluie, il refaisait la chorégraphie de « dansons sous la pluie », avec l’aisance du danseur émérite. Ne vous y trompez pas, lui dit Monsieur Nikos : ce lapin se remet tout juste d’un accident grave du genou, suite à la crise aiguë d’un amateur de lapin sauce moutarde, qui voulait absolument lui arracher la cuisse et la badigeonner de moutarde… La danse lui promettait de retrouver la maîtrise de ses articulations. Voilà un article tout trouvé pour genoux Magazine !!

    Le cœur léger, Ralph saisit son stylo pour écrire le meilleur article de sa carrière de localiste articulaire.

     

    ceci est à la fois ma participation au jeu d'écriture de Livvy, et une commande d' #histoireavecdeslapinssombresdansunesoupedepotironauchatquiapprendàdanserdansledoubs

  • Citations du jeudi, le retour !!!

    C'est jeudi, et je suis ravie de reprendre cette petite habitude, initiée par Chifonnette !

    Hop hop !!

     

    Nous parcourons du regard les innombrables millions d'années passées et nous voyons le « Vouloir vivre » lutter avec force pour sortir de la vase laissée par la marée.

    Lutter de forme en forme et de pouvoir en pouvoir.
    Ramper puis marcher avec confiance sur la terre ferme.
    Lutter de génération en génération pour la conquête de l'air, s'enfoncer dans l'obscurité des profondeurs.
    Nous le voyons se retourner contre lui-même, poussé par la rage et la faim, et de nouveau reprendre forme, une forme de plus en plus élaborée, de plus en plus semblable a nous.
    Poursuivant implacablement son projet inouï jusqu'à ce que son être batte enfin dans notre cerveau et dans nos artères...

    Il est possible de croire que tout ce passé n'est que le commencement d'un commencement, et que tout ce qui est et a été n'est que le premier reflet de l'aube.

    Il est possible de croire que tout ce que l'esprit humain a jamais accompli n'est que le rêve qui précède l'éveil.

    De notre lignée, des esprits vont surgir qui nous regarderons dans notre petitesse, afin de nous connaître mieux que nous nous connaissons nous-même.

    Un jour viendra, un jour dans l'infinie succession des jours ou des êtres encore latents dans nos pensées et cachés dans nos flancs se dresseront sur cette terre comme on se dresse sur un piédestal.

    Ils riront et tiendront leurs mains parmi les étoiles...

    H. G. Wells

  • Un pas de plus

    Hier était l’anniversaire de mon fils, un moment parfait de symbiose mère-fils. Ou plus honnêtement une journée proche du n’importe quoi, passée à manger des bonbons, des glaces, regarder des dessins-animés et jouer à la DS. C’était chouette.

    J’avais pensé lui écrire un texte, pour lui, ici. Un texte qu’il aurait lu plus tard, plein d’émotion. Mais non, lol quoi. Je crois qu’il sait chaque jour l’amour que j’ai pour lui, sans que j’aie à le lui exprimer par un biais particulier. Pourtant, j’ai eu envie de lui dédier un texte, quelques mots. Avant de me rappeler les merveilles que recèle la littérature, pour qui veut exprimer de quelques mots un amour filial.

    J’avais envie de faire appel à Albert Cohen ou Romain Gary, et puis j’ai renoncé.

    Je garde mes maladresses, mes incohérences maternelles, tout ce qui fait de moi SA mère, et celle de personne d’autre.

    C’est curieux de reprendre une « vie numérique » là où on l’a laissé. Des changements se sont produits, et parfois je sens comme un décalage. L’envie est toujours là d’écrire ; elle n’est jamais partie en réalité. Mais c’est comme un moteur grippé, il faut un peu de temps et de je ne sais quoi, pour que cela reparte, vite (et bien ?) comme avant !

    Je sais juste que je suis heureuse de ses rendez-vous qui reprennent avec vous.