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Aujourd'hui c'est la journée mondiale du bonheur, et le printemps est revenu. Coïncidence ? Je ne crois pas :)
Merveille du soleil qui brille haut dans le ciel, des fleurs aux arbres et de la bonne humeur partout.
Le pouvoir du printemps est immense, rendons-lui grâce.
J'en profite pour honorer le jeudi de la poésie, en même temps que le printemps, et exhumer un de ces vieux poètes que j'aime relire :
Albert Samain - Printemps
Les désespoirs sont morts, et mortes les douleurs. L'espérance a tissé la robe de la terre ; Et ses vieux flancs féconds, travaillés d'un mystère, Vont s'entr'ouvrir encor d'une extase de fleurs.
Les temps sont arrivés, et l'appel de la femme, Ce soir, a retenti par la création. L'étoile du désir se lève ô vision ! Ô robes qui passez, nonchalantes, dans l'âme...
Les ciels nus du matin frissonnent de pudeur ; L'émeute verte éclate aux ramures vivaces ; Et la vie éternelle arrivant des espaces En ruisseaux de parfums coule à travers le cœur.
Voici que le printemps s'avance sous les branches, Nu, candide et mouillé dans un jeune soleil ; Et les cloches tintant parmi l'azur vermeil Versent une allégresse au cœur des maisons blanches.
L'âme s'ouvre parmi l'enchantement du jour, Et le monde qu'enivre une vague caresse, Le monde, un jour encor, va noyer sa détresse Dans les cheveux profonds et vivants de l'amour.
Amour ! Frissons légers des jupes, des voilettes, Et lumières des yeux de femmes transparents... Amour ! Musique bleue et songes odorants... Et frêles papillons grisés de violettes...
Une poésie pour le jeudi
J'espère que vous avez mis à profit cette belle journée :)
J'aime ces deux jeunes femmes, chacune pour des raisons différentes. Elles me font parfois sourire, quelquefois elles soulèvent des émotions moins légères, mais quoi qu'il en soit j'aime les lire et j'apprécie la personnalité qu'elles dégagent.
Bon, il faut dire que j'ai une caractéristique un peu chiante : je pleure dès qu'il s'agit de mariage. Oui, dès que j'apprends que quelqu'un tombe amoureux, ou se marie, se pacse, les grandes eaux de Versailles sont lâchées. Je pleure tout ce qui est pleurable en moi (néologisme inside) et des fois il y a beaucoup à pleurer.
Le bonheur c'est beau et tragique à la fois. Cherchez pas, il n'y a rien à comprendre, c'est juste que je ne sais jamais quoi faire de mes émotions, il y en a trop et elles ne sont pas super autonomes.
Et là, ça y va fort. Je suis à deux doigts d'écouter d'Amour ou d'Amitié de Céline Dion, kayakiste chère à Manu.
Voire même du Joe Dassin de derrière les fagots.
Vous voyez l'état du chantier quand même.
Pourquoi soudain ai-je l'impression d'être un peu décousu dans mes propos ?
Pas grave, je fais ce que je veux. Ça se trouve j'aurais pu chanter, et alors là, tous aux abris mes agneaux !
Bref, je suis émue et heureuse pour ces deux pétasses qu'elles aient trouvé l'amour, sniff, ainsi que la possibilité miraculeuse de faire des économies fiscales non négligeables.
Que faire quand l'émotion me submerge ? M'offrir des kleenex double épaisseur (je suis sensible du nez ma poule) et puis sinon, j'écoute de la musique qui fait pleurer, avec du violon à la guimauve dedans.
Hein que c'est joli Luca Turilli ??
Et cette version aussi elle est pas mal non (oui, je collectionne vraiment tout, pas que les chaussures et les marinières).
Et sinon, je lis des jolis poèmes d'auteurs trop peu connus (non, en vrai ça c'est parce que je suis une snob péteuse), et je regarde de belles toiles de mon ami John William Waterhouse, juste parce que c'est le peintre le plus émouvant du monde pour moi.
Waterhouse - La fileuse
Réveil - Albert SAMAIN (1858-1900)
L'aube d'une clarté s'épanche dans mon âme. Au mur de l'horizon j'ai vu luire une flamme. Les lys soudain dans l'ombre ont frémi de ferveur Et j'ai senti passer la robe du sauveur.
Je suis le voyageur endormi sur la route, Las et le cœur sinistre, au carrefour du doute, Suant l'angoisse au fond d'un cauchemar mortel, Et qui, dans le matin dressé comme un autel, D'un beau geste ébloui se réveille et se lève À l'appel d'un grand ciel tout ruisselant de rêve !
Le verbe des hauteurs, ranimant mes pensers Pareils après l'orage aux épis renversés, Les redresse d'un seul frisson vers la lumière ; Et mon cœur, comme un mort qui soulève sa pierre, Mon cœur ressuscité bat sa vie à grands coups.
Car l'épouse mystique a retrouvé l'époux.
Ô mon âme, la nuit a lâché sa capture. Tu peux encor tenter la divine aventure, Et vers ton inconnu, d'un frémissant essor, Monter légère au ciel comme une flèche d'or.
Va-t'en, va-t'en : déjà le vent de la Parole Fait tressaillir ta chevelure qui s'envole Et met la joie au cœur des chênes des forêts. Va, belle, conquérir les magiques secrets, Dont l'amour pour toi seule a soulevé les voiles.
L'amour t'attend, le grand papillon des étoiles... Et flotte au large azur l'oriflamme d'argent, L'ange a terrassé l'égoïsme intelligent, La bête au ventre lourd, l'hydre à l'échine torse Qui veut le mordre encore au talon et s'efforce...
Éveillée aux rayons, éventée aux fraîcheurs, La mer spirituelle émerge des blancheurs Avec des vols ravis d'âmes neuves encore Comme des alcyons qui tournent dans l'aurore : La mer spirituelle aux vagues de clarté Où monte ton soleil vivant, ô Vérité !
Quand je marchais, perdu, l'œil plein d'un couchant sombre, Une main de lumière a pris ma main dans l'ombre Et m'a conduit le long du mystique sentier, Aux jardins où jaillit la source de pitié, Sous les palmes d'où tombe une paix angélique.
Alors j'ai revêtu la candide tunique Et l'espoir des enfants a visité mon cœur, Ô mon âme, sois donc forte et fuis la langueur L'âme s'englue au miel du rêve et de la flûte. La vie est à ce prix : roidis-toi pour la lutte. N'attends pas vainement : ton futur t'appartient. Tiens-toi toujours debout pour celui-là qui vient Et dont sur les chemins les pieds gravent l'exemple.
Sois le prêtre vêtu de blanc au seuil du temple, Pur et qui tend les bras vers le soleil levant ! L'aile des envoyés palpite dans le vent, L'étoile brille au ciel entre toutes bénie, Et voici revenus les temps d'épiphanie.
Puisque la moisson croît pour l'éternel semeur, Puisque le lys fleurit en loyal serviteur, Je veux donner ma vie à la Bonne Espérance, À la règle, à l'effort, à la persévérance, L'ennoblir de sagesse, et de force l'armer, L'alléger de prière et toute l'enfermer Dans la soif de comprendre et la splendeur d'aimer.
Et vous avez intérêt à le lire le poème, lundi il y a interro dessus.
Il parle d'amour, c'est joli, non ? Si quelqu'un peut m'éclairer sur la métaphore des semailles et des moissons, je ne dis pas non.
Waterhouse - The sorceress
Tout mes vœux les greluches(là, le côté un peu vulgaire, c'est aussi parce que je suis trop émue, si, si.)