Umbero Eco est un romancier très apprécié, mais c’est surtout un essayiste de première. Il a la culture nécessaire, le ton... Un don aussi de la formule joyeuse et incisive, qui fait de chacun de ses ouvrages un moment jubilatoire.
[Aparté : c’est bien la première fois que je ne vomis pas en lisant le mot jubilatoire, galvaudé et perdant de sa force…]
Umberto tu es jubilatoire mon bonhomme, et tu le sais, qui te fais plaisir dans ces quelques articles et conférences, regroupés dans un ouvrage à mettre entre toutes les mains.
A reculons comme une écrevisse est normalement le genre de truc qui m’agace, c'est-à-dire un recueil d’articles ou de chroniques, pour faire un livre... Quand ce sont des people genre Nicolas Bedos ou Stéphane Guillon qui s’y collent, cela m’agace, parce que ce n’est rien d’autre qu’une compilation opportuniste.
Quand c’est Umberto Eco, c’est une splendeur, parce que c’est l’alignement régulier et implacable d’une pensée qui passe au microscope les pires travers et joies de notre société moderne.
Et cette société, elle marche sur la tête, ou à reculons, comme une écrevisse. Cette société, elle est à se flinguer de stupidité parfois, réactionnaire et frileuse, qui réinvente sans cesse des guerres, des pinailleries, des affrontements abscons…
Au travers de ses chroniques pour le Corriere della Serra, Umberto Eco aborde le 11 septembre, ses conséquences illogiques et désastreuses, la réédition des affrontements anciens chrétiens/islam, la guerre en Irak, le populisme médiatique, le triomphe des crétins, le triomphe des Berlusconi et des discours raccourcis de bêtises et brillants des mille feux de la déraison.
Dois-je préciser que j’ai aimé ?
Lisez-le, et apprenez comme on peut être intelligent et pourtant se vautrer dans la facilité, dans les hormones et le sentiment primaire du « moi j’ai raison ».
Lisez-le et apprenez comme il ne suffit pas de s’offusquer qu’on nous manipule, qu’on nous prenne pour des enfants bêtes…
Umberto Eco est un génie en son domaine, celui de mettre le doigt où cela fait mal.