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  • Ayla est là

    Les longues sagas, c’est à la fois mon truc et pas mon truc. J’adore les pavés, dans le sens où plus je reste avec un roman qui me plait et plus je suis heureuse, mais le versant négatif, c’est qu’à trop se fréquenter on s’attache, et quand vient la fin, c’est dur de se séparer. C’est ce rapport que j’ai aux livres… On les laisse, on les retrouve, comme de vieux amis.

    Ayla, le pays des grottes sacrées, les enfants de la terre, Jean M. Auel, préhistoire,


    C’est donc une vielle connaissance qu’il m’a été donné de retrouver, en la personne de Ayla, l’héroïne des Enfants de la Terre de Jean M. Auel.

    C’est une série que j’ai commencé à lire par hasard, il y a quelques années, parce que ma belle-sœur la lisait et qu’elle ne m’en disait que du bien. Pourtant, une histoire qui se passe pendant la Préhistoire, je n’aurais pas sauté dessus. Mais j’ai fait l’effort de lire le premier tome, et j’ai plongé, comme des millions d’autres lecteurs, dans les aventures de cette petite Ayla, avec les « têtes plates » et les « autres ».

    « Le pays des grottes sacrées » est le roman qui vient clore la saga des Enfants de la Terre.  On retrouve Ayla qui doit devenir la guérisseuse et la chef spirituelle de son clan. On parcourt avec elle les grottes sacrées, et on ne peut s’empêcher de ressentir des frissons aux descriptifs de ces lieux qui ont abrité nos ancêtres.

    Pour qui n’a jamais lu un de ces romans, celui-ci peut se lire individuellement, puisqu’il y a de nombreux retours et flash back sur ce qui fut la vie d’Ayla et des siens. Et on peut ainsi comprendre son parcours. Mais je recommande quand même de se jeter dans l’aventure en reprenant l’histoire dès le premier tome, on grandit avec elle, on assiste à, l’évolution de cette petite fille abandonnée, qui est pourtant appelée à un grand destin. Le final, pour très attendu qu’il soit, ne m’a pas déçue, bien au contraire !

    Cette saga m’a toujours marqué parce qu’elle montre un univers très matriarcale, très pacifiste, avec des règles de vie très précises. Je me suis ainsi fait une idée moins brouillonne de la Préhistoire et de l’homme de Cro-Magnon. Et si on ne peut plus visiter ni Lascaux ni la grotte de Chauvet, vous en retrouverez des descriptifs aussi détaillés qu’émouvant !

    Une saga à lire, et à faire lire. 

  • Dormir debout

    Je n'ai jamais vraiment aimé dormir. Le sommeil chez moi n'est réparateur qu'entre 5h et 8h du matin. Dormir avant 5h m'angoisse car je ne veux pas voir mourir ma vie d'avoir trop dormi. J'y succombe souvent pourtant à ce sommeil. J'aime la nuit, son calme, ses bruits particuliers. Quand je dors seule, j'écoute la radio toute la nuit, ou de la musique classique si je travaille un peu. Dormir n'est que l'occasion de manquer le soleil qui se lève, les nuages et le ciel qui prennent cette teinte si particulière. Dormir c'est s'allonger seule, même s'il y a quelqu'un à côté, et penser à ce qui a été loupé, gâché, saccagé. A ce qui sera probablement empêché d'être. Rester éveillée, à me remplir les oreilles de musique ou les yeux de belles images est une façon de dévier la pensée, de la mener vers des chemins moins dangereux, plus propice à la joie et à l'espoir.

    Dormir après 8h me laisse le gout amer de la culpabilité : toutes ces choses qui attendent d'être accomplies et moi qui reste allongée. Alors je ne dors pas. Ou mal. Dormir est un entrainement pour la mort : pourquoi s'acharner à améliorer ce qui viendra naturellement le jour dit.

    La nuit je mets de la musique, en ce moment le Requiem de Mozart et Bach par Glenn Gould évidemment... Snobisme confortable. Parfois je me contente d'écouter en agitant les doigts en l'air tel un chef d'orchestre devant ses musiciens imaginaires. Parfois j'écris, pour moi ou pour vous, ou pour personne, juste le temps de lâcher quelques mots et de ne pas les sauvegarder.

    La nuit je regarde de belles images, je lis des poèmes ou des extraits d'œuvres classiques. Elles prennent une nouvelle dimension à la faveur du calme nocturne. Je peux passer de longs moments à regarder des silhouettes, des arbres ou des livres, seulement pour en apprécier la beauté. Le beau c'est le beau, et puis voilà. Il est à telle une évidence.

    La nuit c'est un champ immense des possibles. Tout est valide et projetable dans l'avenir. Le chemin est clair et simple. C'est la journée qui vient tout gâcher inopinément, en jetant sur l'espoir la lumière crue de la réalité.

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  • Maïakovski

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    Vladimir Maïakovski

     

    Au sommet de ma voix (1928-1930)

    Derniers vers inachevés

     

    1

     

    Elle m’aime, elle ne m’aime pas

    Je trie mes mains

    Et j’ai cassé mes doigts.

    Alors les premières têtes des marguerites

    Secouées d’une chiquenaude

    sont cueillies et sans doute

    éparpillées en mai

    que mes cheveux gris se révèlent

    sous la coupe et la douche

    que l’argent des années nous enserre éternellement !

    honteuse sensation banale - sentiment que j’espère

    que je jure

    jamais elle ne reviendra vers moi.

    ****

     

    2

     

    C’est bientôt deux heures

    Pas de doute tu dois déjà dormir

    Dans la nuit

    La voix lactée avec ses filigranes d’argent

    Je ne suis pas pressé

    Et rien en moi

    Ne veille ni ne t’accable de télégrammes

     

    ***

    3

    La mer va pleurer

    La mer va dormir

    Comme ils disent.

    L’incident s’est cassé la gueule.

    Le bateau de l’amour de la vie

    S’est brisé sur les rochers du quotidien trivial

    Toi et moi sommes quittes ;

    pas la peine de ressasser

    Les injures de chacun

    Les ennuis

    Et les chagrins

    ****

    4

    Tu vois,

    En ce monde tous ces sommeils paisibles,

    La nuit doit au ciel

    Avec ses constellations d’argent

    En une si belle heure que celle-ci

    Quelqu’un alors s élève et parle

    Aux ères de l’histoire

    Et à la création du monde.

     

    ***

    5

    Je connais le pouvoir des mots ; je connais le tocsin des mots

    Ce n’est pas le genre que les boîtes applaudissent

    De tels mots des cercueils peuvent jaillir de terre

    Et iront s’étalant avec leurs quatre pieds en chêne ;

    Parfois ils vous rejettent, pas de publication, pas d’édition.

    Mais les mots sacro-saints qui vous étouffent continuent à galoper au dehors.

    Vois comme le siècle nous cerne et tente de ramper

    Pour lécher les mains calleuses de la poésie.

    Je connais le pouvoir des mots. Comme broutilles qui tombent

    Tels des pétales à côté de la piste de danse rehaussée.

    Mais l’homme avec son âme, ses lèvres, ses os…

  • L'amour est un chaos ordonné mon ange

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     J'ai du mal avec l' amour.

    Pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé : un mariage et demi, des tas de fiancés qui ont tenu sur de longues distances, j'ai même eu un enfant avec un légitime époux approuvé fiscalement.

    L'amour est au centre de la vie, simplement parce qu'on côtoie les gens et que tant qu'à faire, essayons de les apprécier, m'enfin pas tous, il y en a des moches quand même. Non, je plaisante, j'aime aussi les moches. Je mets sous le vocable amour cette espèce de coup de cœur qui te pousse vers une personne, homme ou femme, qui te fait apprécier son être entier, son caractère, ses pensées, ses bêtises comme ses plus belles fulgurances. L'amour, l'amitié c'est pareil au début. Et ce début est génial, merveilleux. Regarder cette personne et ne voir en elle que l'appréciable, le beau, et même le laid on lui pardonne, après tout qui peut se targuer de perfection ?

    On apprécie ce qui chante à notre âme et à notre cœur : l'amour nait d'abord de la validation d'une rencontre par nos critères intérieurs. On aime une personne par ces raisons qui ne tiennent qu'à nous. C'est une alchimie secrète, un mystère qui permet la réalisation du grand œuvre. Tu connais les étapes du Grand œuvre qui permettent la réalisation de la Pierre Philosophale : l'œuvre au noir, l'œuvre au blanc, l'œuvre au jaune et l'œuvre au rouge. Si j'osais, je rajouterais ce romantique et niaiseux œuvre au rose : la savante transformation qui s'opère en nous pour aboutir à l'Amour.

    L'Amour dans le couple peut durer longtemps comme ça, si l'on laisse simplement s'opérer et accepter l'alchimie naturelle : ainsi on aime l'autre pour ce qu'il correspond à notre propre formule magique. Mais ça n'est jamais si simple. Pourquoi se met-on toujours, souvent, parfois, en situation d'interpréter ce qu'est réellement l'autre au risque de la déception. Plus généralement on apprécie une globalité en espérant que les détails inadéquats resteront des détails surmontables, voire transformables. Parfois même, fous que nous sommes, on aime ce que l'on déteste car c'est un sentiment plus puissant qui nous gouverne.

    Alors c'est quoi ce truc ? Oui je dis truc parce que je ne comprends vraiment pas ce dont il s'agit. Je ne parle que pour ma propre expérience bien sûr, et peut-être manqué-je de sensibilité ou de compréhension ? La constatation que je fais est simple : je sais ce qu'est l'amour-amitié qui me fait aimer les gens sans sous catégories autre que celles énoncées précédemment : ceux que j'aime et les autres. Je sais aussi ce qu'est l'appréciation du plaisir sexuel. Ce sont là 2 choses bien distinctes. Tant que j'opère cette distinction tout va bien. Cela souffre même d'aller jusqu'à coucher essentiellement avec des personnes que j'admire, apprécie, trouve intelligent, touchant, sensible etc. etc....

    Et puis un moment, fatalitas, viens se nicher dans le cœur ce truc bizarre, qui vient le plisser, le pincer, l'alourdir et l'alléger tout autant. Et ce garçon qu'on trouvait drôle, intelligent, spirituel, tendre, caustique et amusant, désirable et mystérieux, devient soudain essentiel et indispensable au repos de notre cœur. C'est ce truc que je ne comprends pas, que je ne sais pas contrôler. On aborde là les rivages de la possession, de l'exclusivité et de l'inquiétude aussi. Qu'est ce qui fait que l'alchimie trouve à franchir une étape supplémentaire, moins confortable que la situation précédente ? Disons que tant que tout va bien, tout va bien. Mais comme nous avons affaire à 2 personnes distinctes, nous aurons aussi 2 effets distincts de cette alchimie au fil du temps. Il y en a toujours qui est plus « transformé » que l'autre, un qui aime plus, un qui s'inquiète plus.

    Il parait que non, en fait, que tout est une question de rationalisation et de décision personnelle. Faire comme dit Saint-Exupéry et comprendre qu'aimer c'est juste regarder ensemble dans la même direction. Le reste n'est pas l'amour alors ? Et puis même si on ne se pose pas ces questions oiseuses pendant des années et des années, pourquoi un jour peut survenir la fin d'une alchimie ? La transmutation est donc permanente et puis un jour les 2 formules ne se conviennent plus ? Quel est le secret de l'Amour : passer sa vie à rationaliser des sentiments ?

    Je ne sais pas. Par contre j'ai une certitude : sans aimer le drame, la vie ne serait rien sans les soubresauts du cœur. La passion, l'inquiétude, l'envie irrépressible, le besoin vital de l'autre, ces petits papillons à la con qui viennent vous manger le ventre, c'est une drogue, la plus addictive qui soit. C'est comme vouloir se brûler soi-même à ce brasier, de manière consentie et envieuse. Quitte à entendre un jour les mots définitifs du désamour, du détachement et de la rancœur.

    Bon, tout ça j'en sais rien, alors j'arrête de me prendre la tête et la tienne avec.