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Les livres - Page 14

  • Aristophane - Lysistrata (Démobilisons !)

    En passant sur le blog de Maggie, j’ai vu qu’elle proposait quelques lectures communes. Je me suis précipitée pour participer, car j’avais un grand besoin de partage.

    Je lis, oui tous les jours, mais une fois le livre fini, je le tourne et le retourne dans ma tête, j’en découpe chaque phrase, intérieurement. Mais ça ne suffit pas :)

    Alors, pour une de ces LC, Maggie proposait de lire Lysistrata de Aristophane.

    J’avais gardé un lointain souvenir du théâtre d’Aristophane, il me semblait que c’était assez déluré, pas autant que ce coquin (euphémisme) de Juvénal, mais pas mal crû tout de même.

    Je ne retrouvais pas mon folio avec le théâtre (presque complet), et puis je voulais aussi « dépoussiérer » mon idée de l’auteur, alors je me suis lancée dans une traduction, ou plutôt une adaptation un peu moderniste, de Lysistrata, par Michel Host.

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    Tout de suite, le titre choisi pour la couv’ « Faisons la grève du sexe », donne le ton.

    L’histoire, c’est celle de Lysistrata, appelée Lison dans cette version, pour « démobilisons »

    Lysistrata fait le constat amer que la guerre prend les hommes, détruit des familles, enrôle la jeunesse et laisse les femmes grecques en arrière garde, flétrissant dans leur solitude.

    Lysistrata ne veut plus que ces guerres déchirent la Grèce, alors elle appelle ses sœurs athéniennes, spartes, ioniennes, toutes les femmes de Grèce, à se servir de ce qui est alors leur seule arme : le sexe comme monnaie d’échange contre la paix.

    Voilà que les femmes s’emparent du trésor de guerre, pour ne plus nourrir la guerre, s’enferment à l’Acropole et sous le siège des hommes, jeunes ou vieux, elles affirment le droit à exiger la paix pour elles, leurs enfants, leurs maris.

    Il y a du burlesque et du tragique dans l’exploration par Aristophane de toutes les métaphores possible du sexe  de l’homme raidi par le désir, qu’il porte comme une revendication à s’emparer de la femme. Celle-ci devient le terrain de jeu,  son sexe est le champ de bataille qui oppose l’homme-guerrier éternel, et l’homme-amant, tiraillé entre ces deux désirs.

    On observe aussi dans cette pièce la mise en scène du mépris dont souffrent les femmes : elles ne servent qu’au plaisir et à enfanter, et quand elles se mêlent de politique c’est qu’elles sont folles ou qu’elles ont bu !!

    Mais Lysistrata et les femmes avec elle, tient bon, et le mot d’ordre, Démobilisons, entraine même les plus lubriques, les plus amoureuses de la chair, à se refuser aux hommes tant que la paix n’est pas déclarée.

    J’ai bien apprécié le coup de jeune que confère cette adaptation aussi crû qu’enjouée. Le traducteur nous tiens par la main, et ouvre pour nous un bal échevelé et formidable ! Se mêlent la philosophie, l’espoir, les blagues les plus scabreuses et les métaphores en tout genre.

    J’ai vraiment aimé, à part une petite nuance. On veut, dans cette pièce, comme dans d’autres œuvres, présenter la femme comme la solution pour la paix, les femmes au pouvoir étant la garantie de cette paix etc.. Personnellement, je n’attache pas à un sexe plus qu’à l’autre cette caractéristique de prosélyte de la paix. Les exemples désastreux de Golda Meir, de Thatcher, Imelda Marcos (qui avait certes un putain de placard à chaussures de rêve, reconnaissons-lui cela…), ne me rappellent ni paix, ni douceur, ni sensibilité, ni compassion.

    Ceci mis à part, je vous engage à plonger dans cette pièce et à découvrir Lysistrata !

     

    Merci Maggie pour cette LC !

  • Merci France Inter

    Cette année, pour la première fois, depuis des années que j’y pense, que j’hésite, j’ai franchi le pas, et j’ai écrit à ma radio favorite, pour lui demander de bien vouloir me prendre comme jurée, pour le prix du livre Inter.

    Voilà, France Inter est ma radio favorite, depuis que je suis petite, si petite, à écouter des voix qui me fascinaient, à découvrir et à m’ouvrir au monde, au théâtre, à la musique, à la littérature, au cinéma, aux questions de société. J’aime France Inter depuis toujours et c’est très bien.

    Et depuis quelques années, j’avais envie de tenter l’aventure du prix du livre Inter, faire partie du jury, découvrir encore et partager autour de ce qui me passionne le plus au monde certainement : lire.

    Mais je n’ai jamais osé, je crois que je n’ai même jamais amorcé le moindre brouillon de lettre de candidature pour une simple raison : la peur de ne pas être choisie, et d’être déçue, forcément.

    Et puis cette année, un ami précieux m’a dit qu’il ne me lacherait pas tant que je n’aurais pas fait l’effort de cette lettre. Et il ne s’agissait pas de simplement lui dire « oui, oui, je l’ai faite », il fallait qu’il en ait la certitude. Il fallait donc que je l’écrive vraiment cette lettre de candidature.

    Alors, je l’ai fait, j’ai enfin osé, j’ai écrit cette fichue lettre, choisi un beau papier, une belle enveloppe, et un timbre spécial. Puis la lettre est partie, le dernier jour pour tout vous dire.

    Alors me direz-vous ?

    Non, je n’ai pas été prise.

    Enfin si, un peu quand même…

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    Suppléante, c’est quand même pas mal pour une première tentative :)

    J’ai donc reçu, comme les « vrais » jurés, tous les livres, et j’ai attendu le jour J, en espérant qu’un juré se désiste ou loupe son train (hoou la vilaine que je suis…)

    Tout ça pour dire que je suis heureuse d’avoir écrit enfin cette lettre, heureuse d’avoir fait l’objet d’un débat entre les sélectionneurs, même si c’est pour finir à la pire place, celle de suppléante, je sais que ma lettre aura touché quelqu’un, aura trouvé un écho chez un autre lecteur.

    Et rien que pour ça, merci France Inter, merci Eva Bettan, merci Sophie R. ma charmante correspondante chez Inter durant cette petite aventure.

     

    Je crois que l’an prochain, je tenterai de transformer l’essai.

  • Procrastination (sans closer ni Julie Gayet ni scooter)

    Écrire un billet sur la procrastination relève du défit, pire qu’un serpent qui se mort la queue. J’ai d’abord remis à plus tard, plusieurs fois, la lecture du livre concerné :

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    Cet essai de John Perry, rien que par sa couverture, recelait tout les mystères des motivations et non motivations qui président à ma vie.

    Cessons là sur la grandiloquence, mais il est vrai que je tournais autour sans oser le lire, peur d’y trouver mes propres travers moqués.

    Or non !

    John Perry réussit un tour de force improbable, exposer sa théorie de la procrastination structurée, et je m’y suis reconnue, à mon plus grand bonheur !

    Chapitre après chapitre, l’auteur s’attache d’abord à expliquer le fonctionnement d’un procastinateur et surtout à évacuer les clichés dont ils (je !) souffrent. Le procrastinateur n’est pas un fainéant, au contraire il abat une masse de travail incroyable, rien que pour éviter de s’attaquer à certaines tâches :) nous avons là la démonstration d’une pyramide des non-priorités du procrastinateur ! Celui-ci pour éviter de (par exemple..) rendre un écrit à temps, va consciencieusement refaire l’installation internet de sa maison, ou repeindre les murs ou ranger le garage… j’ai souvenir des semaines de révisions avant les partiels de droit, où je passais 99% de mon temps dans un ménage radical de mon appartement ! Ménage que je n’aurais pas  fait si c’était justement l’horizon prioritaire du moment car là est le cœur du problème : la peur, la peur de mal faire, de ne pas être à la hauteur, de ne pas faire quelque chose de parfait, qui pousse à attendre, pour finalement réaliser quelque chose, avec la satisfaction d’avoir repoussé les limites, encore et encore….

    Le procrastinateur n’est ni fainéant ni négligeant, au contraire, John Perry démontre avec drôlerie et justesse combien l’amour de la perfection est au cœur de tout bon procrastinateur.

    Cela conduit aussi à une forme d’incompréhension, et même de dépression, tant on cogite et que se mettent en branle mille idées, contre idées, doutes, et culpabilités…

    Heureusement, l’humour et la légèreté de John Perry remontent le moral de ceux qui se reconnaitront dans ce portrait du procrastinateur.

    Pour compléter la lecture de cet essai de John Perry, je vous conseille de faire un tour sur le site internet Structured Procrastination, une mine !

    Il y a aussi un reportage, encore visible sur Arte, retraçant le portrait de John Perry, philspohe et prof à Stanford. Un personnage déroutant et attachant.


    La Procrastination - L'art de reporter au lendemain

    John Perry - Éditions Autrement (et c'est pas cher)

  • Où l'on ne parle ni de Dieudonné et Valls nus dans la boue ni de soldes (exploit)

    L’actu en ce moment pour moi, c’est juste elle :

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    Donna Tartt.

    Hier soir, j’étais religieusement devant ma télévision, la vilaine que je boude habituellement, pour regarder un de mes quelques rares auteurs vivants favoris, parler de son nouveau roman dans l’émission La Grande Librairie sur France 5, celui qu’on attend depuis dix ans, celui qu’on espérait plus, celui qui fait ma joie depuis, hier. Et encore je ne l’ai pas lu, c’est vous dire mon enthousiasme…

    A cet égard, je dois vous avouer quelque chose, je l’attends depuis si longtemps, j’ai tellement aimé le Maitre des Illusions et le Petit Copain, que j’anticipe déjà la fin de la lecture de cet opus : le commencer, c’est le finir presque… Et après, attendre encore dix ans ? Bon, là je me pose vraiment des questions idiotes :) d’autant que je suis du genre à conseiller la relecture des ouvrages que l’on a aimé, car on trouve toujours un nouvel angle de lecture, un nouveau détail, le temps et l’expérience rendant notre lecture forcément différente..

    Bref, je suis là, avec ce pavé, le Chardonneret, et je vais le savourer, ligne après ligne.

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    Au plaisir de vous en reparler ensuite.

  • Affaires Étrangères - Jean-Marc Roberts

    Affaires Étrangères est un roman de Jean-Marc Roberts, qui m’est tombée entre les mains par le hasard des affinités éclectiques, celles qu’on n’attendait pas, celles qui réjouissent donc le plus !

     

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    Ce roman, c’est l’histoire de Louis Coline, jeune homme qui travaille dans  ce qui serait l’équivalent des Galeries Lafayette. Marié à Nina, il mène une vie certes eu chatoyante ou merveilleuse, mais finalement assez heureuse dans sa routine.

    Puis, le Grand Magasin change de boss, et arrive un curieux personnage, le nouveau directeur, Bertrand Malair, affublé de deux acolytes tout aussi étranges.

    Commence alors pour Louis ce qui va ressembler à un rêve aussi dérangeant que fascinant. Fascinant par le personnage de Malair, qui en impose, avec ses manières son caractère, sa façon d’affirmer son pouvoir jusque dans l’injustice, jusque dans la façon de favoriser Louis. Favoriser étant là le terme presque parfait, tant Louis va se trouver aspiré dans la galaxie de Malair, à l’égal des deux premiers acolytes, et pris comme dans un tourbillon, il se détachera de sa famille, de sa femme, simplement pour plaire à Malair et satisfaire ses caprices, comme tout bon favori qui se respecte.

    La description de la vie du trio gravitant autour de Malair est saisissante de malaise. On cherche à comprendre pourquoi et comment s’exerce la fascination de Malair sur eux, jusqu’à  provoquer un comportement qui semble être de l’amour, de la dévotion. Il y aurait mille réponses, la plus simple étant peut-être la propension que nous avons tous à chercher le père idéal ?

    C’est un roman qui se lit d’une traite, qui pose plus de questions qu’il n’apporte de clés, mais finalement c’est aussi bien : on ne réfléchit jamais trop, n’est-ce pas :) ?