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Les livres - Page 10

  • Pourquoi lire Dan Fante (indice : parce que c'est beau) Avent Littéraire #1

    À l’occasion de cette reprise d’écriture sur le blog, j’avais envie de partager avec vous des lectures, de cet été, puis de l’automne, et puis s’est imposé l’idée de simplement partager chaque jour de l’Avent un auteur que j’apprécie particulièrement.

    La semaine dernière, Dan Fante nous a quitté, au terme d’une vie entre lumière et bas-fonds. J’aime les auteurs qui écrivent avec leur sang, si j’ose cette métaphore un peu bas de gamme. Mais le fait est que les mots de Dan Fante nous plongent dans un univers de misère, d’alcool, de fuites et d’errances lunatiques. Dan Fante s’est placé sous le parrainage de trois grands auteurs : son père John Fante, Hubert Selby Jr et Charles Bukowski. J’ai souvent mis en parallèle Selby et Dan Fante, dans mon paradis personnel, tant ils me renvoient chacun une image à la fois solaire et violemment sombre de l’Amérique.

    J’arrête là les comparaisons oiseuses, le plus important c’est de lire, n’est-ce pas ?

    Alors pour cette première case d’Avent littéraire, j’aimerai relire avec vous ces quelques vers de Dan Fante :

     

    Pendant des années
    j'ai versé du bourbon dans ma tête
    pour tuer les voix

    Mais vint le temps où j'ai dû lâcher la gnôle
    ou rendre mon passeport

    Des jours ca allait si mal
    que je devais remballer mes affaires dès le matin
    dire que j'étais malade
    et quitter mon poste de télé-vendeur
    trente secondes avant de tuer quelqu'un

    Je passais prendre deux Big Mac et louer deux pornos
    je rentrais
    tirais les rideaux
    et me branlais dans du steak haché
    pour étouffer le bruit

    Il me fallait des heures de télé et des romans de 800 pages sans
    répondre au téléphone
    pendant des jours
    sans me raser ni laver une assiette
    ni changer de slip
    juste pour garde la tête hors de l'eau

    Aujourd'hui
    je vais mieux

    j'ai changé pour Burger King

     

             

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    A la fin il y en a marre
    d'expliquer

    les gens te voient comme tu es ou pas

    pourquoi se crever à décrire le brouillard sur Venice
    ou la passion des sublimes Chevrolet 1957
    -ça intéresse qui?-
    soit tu es branché brouillard et Chevrolet soit pas

    Pour moi, la magie tient à la vie elle-même
    au cadeau immérité
    d'être ici présent
    de foncer tête baissée contre les murs
    ou assis dans un fauteuil à m'extasier sur l'origine du souffle

    La vie est improvisation - du théâtre - avec billet de faveur -
    imprévisible
    horrible
    grotesque
    absurde
    brutale
    précieuse
    et
    romantique

    une aventure

    Je sais que je ne vaux pas cher - mais je suis ce que je pense

     

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    (Tatouage de Dan Fante en hommage à son frère)

    Les Poèmes et récits de Dan Fante sont disponibles en poche chez Point et 10/18.

    À demain pour la suite.

     

  • Bureau des Spéculations - Jenny Offill

    J’ai frappé à la porte du bureau, et derrière se trouvait un fatras de pensées désordonnées, des questions, quelques tentatives de réponses, une longue litanie sortie de l’esprit d’une femme perturbée. Qu’est ce bureau sinon celui que nous avons tous en nous, que parfois nous ouvrons pour en sortir une petite question, inoffensive croyons-nous, mais la plupart du temps nous gardons ce bureau bien fermé à double tour.

     

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    L’auteur, Jenny Offill, a choisi de nous ouvrir le sien, de l’exposer, d’en vider son contenu, bien étalé au vu et au su des lecteurs que nous sommes.

    Difficile de résumer ce récit. On va dire qu’il s’agit d’une femme, et d’un homme et d’une nana aussi. La femme est prof de littérature, écrivain plus ou moins en sommeil, alors qu’elle avait des ambitions de génie. Elle est mariée à l’homme, et ils vivent avec leur petite fille dans un appartement infesté de souris, notamment. C’est l’histoire du début de leur amour, de leur vie ensemble jusqu’à une certaine lassitude, jusqu’à l’usure qui gomme les souvenirs du meilleur pour ne laisser que les défauts, les agacements du quotidien. Jusqu’à laisser entrer une nana, dans le fond anecdotique, mais qui fera exploser le couple autour des questions, des spéculations. Ainsi nous avons sous nos yeux les multiples interrogations de la femme sur sa vie, son mariage, sa carrière, ses ambitions, ses amours et puis son acceptation du quotidien jusqu’à l’érosion de la Vie. Le récit est une suite de réflexions, d’anecdotes, ponctuée quelquefois de citations. L’ensemble vise à restituer ce qui traverse l’esprit d’une femme englué dans une vie qu’elle ne maitrise plus vraiment. J’ai trouvé cela très réussi, mais je crois que c’est un récit quitte ou double : on aime ou on déteste. J’ai grandement apprécié de tomber petit à petit, sans y prendre garde, dans l’esprit de cette femme, jusqu’à me reconnaître évidemment dans ses interrogations, et dans ses vaines tentatives de justification.

    C’est une écriture presque brisée qui emmène ce récit, en morceaux, comme pour rappeler le rythme de la vie réelle. Le sujet est a priori un peu trop simple et sans intérêt, car profondément nombriliste, mais Jenny Offill réussi à se regarder en détail tout en nous offrant un miroir de nos propres spéculations. Bref, j’ai aimé !

     

     

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    Bureau des Spéculations – Jenny Offill –Calmann Levy

     

     

    Tip du jour →Jenny Offill, bureau des spéculations, calmann levy, récit, écrivain, mariage, deliquescence, amour

  • Mecano Girl - Janet Evanovich

    J’ai un secret un peu honteux, qu’il m’arrive d’exposer. J’aime la chick-lit anglo-saxonne. Elle est bien fait, c’est du bon ouvrage, de professionnels qui savent s’adresser à leur public : moi. Autant je reste pantoise qu’on puisse trouver le moindre talent à Guillaume Musso ou Marc Levy (j’ai lu quelques livres de chaque, histoire de me faire ma propre opinion), autant je me transforme en groupie choupinette dès que je croise la route de Jennifer Weiner, Marian Keyes, Isabel Wolf ou Sophie Kinsella.

    Voilà voilà.

    C’est donc le cœur léger et l’œil pétillant que je me suis lancée à la découverte de Mecano Girl, roman de la prolifique Janet Evanovich. Autant le dire tout de suite, amateur de finesse et de subtilité, passez votre chemin. Ici, on dirait que l’auteur a suivi pas à pas le mode d’emploi du parfait roman estival-pas prise de tête-avec un peu d’amour-et aussi du suspens.

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    Quelqu'un a été payé pour concevoir cette couverture.

     

     

    Dois-je vous raconter l’histoire ? Notre héroïne est une jeune fille, garçon manqué mais tellement sexy bien sur, qui s’inquiète pour son frère qui s’est mis dans de sales embrouilles. Le cœur aussi large qu’elle a de longues jambes, notre belle héroïne Alexandra s’envole pour Miami afin de retrouver le frère en question. Sa route va évidemment croiser celle d’un beau mâle, Sam, aussi énervant qu’indispensable à son enquête. Je vous laisse deviner la fin téléphonée (oui, ils vont se faire des bisous, plein de bisous, après avoir esquivé les balles des méchants)

    Ai-je aimé ? Bah oui, un peu, pas mal même. Disons que c’est le genre de bouquin efficace qui fait son office aussi bien qu’un antidépresseur, sans les effets secondaires. Cela m’a fait sourire, rire, et même les clichés les plus bateau de la littérature romantique ont leur utilité : s’esclaffer et retrouver de la bonne humeur en quelques pages. Il fallait que cela soit dit :)

     

     

     

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  • Percival Everett - Blessés

    J’ai quitté quelques temps le métro parisien pour les plaines du grand ouest américain. Non pas que j’ai pris quelque avion que ce soit, j’ai simplement ouvert un roman de Percival Everett. C’est un auteur que je ne connaissais pas, et je dois cette découverte au fait que j’aime toujours ce que peut publier Acte Sud, donc j’ai pris le livre les yeux fermés, si j’ose dire. Et j’ai pu ensuite rouvrir mes yeux sur de vastes paysages, mais surtout sur des personnages attachants et forts.  

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    Pour résumer l’histoire assez simplement, nous suivons l’histoire de John Hunt, un homme qui tient un ranch, avec l’aide de Gus, dans un environnement très « plaines de l’ouest sauvage ». John n’a pas son pareil pour dresser les chevaux, et on sent en lui un homme assez solitaire, depuis la mort de sa femme, et qui se contente très bien de la seule compagnie de Gus, de ses quelques incursions en ville, et des visites amicales de sa voisine, Morgan. Un drame va se dérouler : un jeune homosexuel est assassiné, d’autres actes de violences sont commis aussi, tout cela assombrit l’atmosphère. Ce sera également l’occasion de la visite du fils d’un vieil ami de John, venu protester contre le crime homophobe. Dès lors, beaucoup de blessures se mettent à jour. La blessure d’un enfant homosexuel incompris de ses parents et mal à l’aise dans son couple ; le divorce et l’attitude du meilleur ami de John Hunt qui révèlent aussi d’autres blessures. Il y a également le cœur blessé de John, qui a du mal à exprimer son amour envers une femme depuis le décès de son épouse. Enfin, il y  a toutes les blessures provoquées par l’homophobie et le racisme. Car John Hunt est noir dans un monde de cow-boys blanc. Le fait est que je n’ai compris qu’assez tard que John était noir : c’est là que je me rends compte que spontanément je ne m’intéresse pas à la couleur des gens. Les hommes sont ce qu’ils sont, peu importe la couleur, et le fait de lire ce livre de nombreuses pages avant de percuter que le héros était noir, m’a remis en tête que pour beaucoup la couleur fait tout, hélas. Et Percival Everett sait écrire cela sans forcer le trait, sans en faire des tonnes, en décrivant une sorte de racisme light, un racisme du quotidien, qui est en filigrane de toutes nos sociétés. John Hunt est un ancien universitaire, on le découvre amateur d’art, comme ça en passant, sans insister, et puis c’est un cow-boy, un vrai dur, un homme dans toute sa virilité : car c’est ainsi que l’être humain est, un mélange de plusieurs passions, de plusieurs intérêt, qui fabrique une personnalité complexe. C’est avec subtilité que Percival Everett brosse ses personnages : il leur prête des faiblesses, des failles, des échecs, des doutes. Mais il nous les montre aussi dans leur courage, dans la beauté de l’amitié et du secours.

    L’autre personnage principal c’est évidemment l’ouest sauvage, et puis les chevaux, les coyotes, la nature qui offre ce qu’elle a de meilleure, et puis qui tue également.

    Voilà un récit qui arrive à être à la fois un roman noir, un roman d’amour, et un western, qui nous parle de la différence, de l’indifférence et de tolérance, un grand et beau roman que je vous engage à lire.

     

    Percival Everett – Blessés – Acte Sud / Babel

     

     

  • Fatrasie du vendredi (je sais, c'est fou)

    Le premier regard que je jette sur la semaine passée me rappelle que je n’ai pas assez lu. Cela en fera plus pour la semaine prochaine (soyons positif).

    Une semaine aux mille nuances (pas de Grey, merci), avec du beau, du triste, de la joie et parfois du désespoir.

    Le désespoir venu se noyer en Méditerranée, qui nous rappelle à chacun nos responsabilités, et en premier lieu celle de déclencher des guerres dans de pays, au nom de la démocratie, mais uniquement motivées par l’argent et le pouvoir. Nous avons mis le feu en Libye, en Irak, et l’on s’étonne que l’incendie s’étende jusqu’à nos rivages.

    J’ai aimé lire, tout de même, l’histoire de ce couple italo-américain, qui consacre une partie de son argent à venir en aide aux réfugiés qui tentent leur chance par la Méditerranée. Vous pouvez en apprendre plus sur Christopher et Regina Catrambone à travers cet article notamment.

    Une fois que l’on a dit cela, tout le reste semble vain, mais il y a pourtant des petits bonheurs qu’il ne faut pas négliger.

    J’aime la publication de Jean d’Ormesson en Pléiade : c’est comme ça, j’aime et j’admire cet écrivain depuis toute jeunette. J’aime ce qu’il écrit, bien sûr, et aussi sa personnalité, son érudition, sa malice. Certains pensent que la publication en Pléiade est une mauvaise idée, par manque de recul éditorial, mais franchement je m’en fiche, je serai heureuse de voir le volume qui lui est consacré trôner à côté de Victor Hugo, de Drieu la Rochelle et Tolstoï. Un très joli portrait de Jean d’Ormesson est à découvrir .

    Pour ce qui est de la littérature, et des livres, la semaine est heureuse.

    Ainsi, j’aime cette nouvelle revue, le Courage, sous la direction de mon chouchou (encore un) Charles Dantzig, je vous en parlerai un peu plus prochainement, mais si vous avez l’occasion de la lire, n’hésitez pas.

     

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    J’aime aussi le retour de Milo Manara. Habituellement, je ne parle pas bandes dessinées, je n’en lis pas beaucoup de fait. Milo Manara, est un immense artiste, je sais que je ne vous apprends rien :) et depuis la première fois où je l’ai découvert, je n’ai cessé d’admirer son œuvre. Je vous recommande le replay de son passage chez Augustin Trappenard, sur France Inter,, un bonheur pour les oreilles, en attendant de feuilleter sa vision du Caravage.

    J’attends aussi impatiemment de lire le roman d’Anthony Doerr, prix Pulitzer, et dont l’action se passe à Saint-Malo. Le livre n’est pas encore paru, mais ce que j’en ai lu dans la presse réveille mes envies de lecture.

     

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    Pour finir, j’aime mes nouvelles bougies Yankee Candle, aux parfums aussi affirmés que subtils. Comment est-ce possible, je ne sais pas ! Mais Dieu que ça sent bon !

     

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    Le weekend nous tend les bras, profitons-en. En musique ? En tout cas, voici ce qui a été ma thérapie musicale de la semaine.

     

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    podcast♫ ♪ Albinoni - Oboe Concerto #2 in D Minor Op. 9

     


    podcast♫ ♪ Natalie Prass - It Is You

     

     

     

     

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