Le regard que Cécile avait jeté à ce garçon, dans la rue, me restait encore comme une gifle brûlante. Elle ne me regardait plus comme ça depuis un petit moment déjà. Notre vie amoureuse se portait à merveille pourtant, ses attentions, et mes sollicitations ne faiblissaient pas. Mais ce regard, cette façon qu’elle a eu de suivre cet homme des yeux, de le déshabiller presque… J’y ai vu un désir que je ne voulais que pour moi.
Toujours attablé à la terrasse du café, je lui ai posé froidement la question : « tu avais envie de ce garçon ? » Elle ne s’est pas dérobée, et a avoué l’évidence. Je n’aurais pas été tellement vexé, si elle n’avait pas insisté pour s’expliquer. Et là, coup de massue. J’ai eu droit au tableau peu réjouissant de la routine de couple. Pour elle, nous étions rentrés dans une ère d’habitudes qui ne laissait aucune place aux fantasmes et au désir.
Faire l’amour par habitude ne rentrait pas dans ma vision du couple.
J’ai décidé de prendre les choses en mains, si j’ose dire, et j’élaborai un plan, pour le soir même. Je la laissais rentrer seule à la maison, invoquant une petite course que je devais faire seul… Ce qui n’était pas un mensonge bien au contraire.
La nuit venue, Cécile me suivit au lit, comme d’habitude, en effet… Mais contrairement aux soirs précédents, je décidai de passer outre nos galipettes, prétextant un mal de crâne invérifiable.
Je la laissais s’endormir tranquillement. Puis, j’ai sorti de mon tiroir les jolies petites menottes que je m’étais offert l’après-midi même, et j’ai doucement emprisonné ses poignets fins aux montants du lit, sans la réveiller. Opération plutôt délicate, mais qui s’est avérée plus simple que la suite du programme : masquer ses yeux avec un bandeau de dentelle et de satin noir. La chose enfin faite, j’ai commencé à faire voler en éclats notre petite routine.
Ses pieds d’abord, une des choses que je préférais chez elle. J’entrepris de les embrasser, de les caresser, ce qui eu pour effet de la faire légèrement frémir dans son sommeil, sans pour autant la réveiller. Je remontais le long de ses jambes, tout aussi délicatement. Je ne sais pas trop ce qui agitait son sommeil, si mes caresses remontaient de son échine à son cerveau, mais mon désir à moi se manifestait de manière très ferme… Je lui écartai doucement les jambes, m’attardait longtemps sur l’arrière de ses genoux, que je savais sensibles, quand je n’avais qu’une envie : remonter vers son aine. Je l’embrassais toujours, et lui caressais le ventre de ma main gauche, pendant que la droite agrippait frénétiquement sa cuisse. Ses gémissements se faisait plus clairs, plus fort, elle se réveillait enfin vraiment. Et ce qui devait arriver arriva : elle voulait calmer son désir d’une main, mais se trouvait attachée et quasi dans l’obscurité avec son bandeau.
« David ? » Elle expira plus qu’elle ne prononça mon prénom. Je me contentais de lui dire « chut, tu dors, continue, laisse faire et dors ».
Elle agita encore un peu les poignets, en vain, puis supplia presque :
-« viens, maintenant, s’il te plait ».
-« Non ».
J’avais envie de prendre tout mon temps. Et ce soir ne serait qu’une étape.
J’adorais prendre le pouvoir sur son corps, et la sentir d’agiter au fur et à mesure que ma bouche avançait entre ses cuisses.
Un peu d’inattendu, juste pour lui prouver que la routine n’était plus à l’ordre du jour…
Cécile gémissait de plus en plus fort, mais je ne comptais pas bruler les étapes pour autant. Je voulais la sentir couler et gonfler sous ma langue. Elle sentirait bien assez tôt à quel point j’avais moi aussi envie d’elle.
Le bandeau qui me cachait à sa vue était une excellent idée : j’arrivais à la surprendre à chacun de mes baisers. Elle se savait jamais où ma bouche allait se poser.
Elle l’ignorait encore, mais la nuit ne faisait que commencer…
*** J'espère que ce petit texte plaira à La Coquinerie et aux membres du jury du CCDP !!