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  • Paul Éluard - Avent littéraire #11

    La plupart du temps, quand je dois remplir une sorte de profil sur les réseaux sociaux, je dis toujours que j’aime Paul Éluard. Aussi simple que cela, je l’aime, comme s’il était l’amoureux qui fait battre mon cœur. Je suis incapable de parler autrement de lui, alors qu’il y a tant à dire de sa vie et de ses mots offerts au monde en cadeau.

    Le mieux c’est encore de le lire, de savourer ses poèmes.

    En voici un. En voici deux. En voici trois, glanés au hasard des souvenirs.

     

     

    Mon amour pour avoir figuré mes désirs

    Mis tes lèvres au ciel de tes mots comme un astre

    Tes baisers dans la nuit vivante

    Et le sillage des tes bras autour de moi

    Comme une flamme en signe de conquête

    Mes rêves sont au monde

    Clairs et perpétuels.

     

    Et quand tu n’es pas là

    Je rêve que je dors je rêve que je rêve.

     

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    Elle est debout sur mes paupières
    Et ses cheveux sont dans les miens,
    Elle a la forme de mes mains,
    Elle a la couleur de mes yeux,
    Elle s’engloutit dans mon ombre
    Comme une pierre sur le ciel.

    Elle a toujours les yeux ouverts
    Et ne me laisse pas dormir.
    Ses rêves en pleine lumière
    Font s’évaporer les soleils,
    Me font rire, pleurer et rire,
    Parler sans avoir rien à dire.

     

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    La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
    Un rond de danse et de douceur,
    Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
    Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
    C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

    Feuilles de jour et mousse de rosée,
    Roseaux du vent, sourires parfumés,
    Ailes couvrant le monde de lumière,
    Bateaux chargés du ciel et de la mer,
    Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

    Parfums éclos d’une couvée d’aurores
    Qui gît toujours sur la paille des astres,
    Comme le jour dépend de l’innocence
    Le monde entier dépend de tes yeux purs
    Et tout mon sang coule dans leurs regards.

     

    À demain !

     

  • L'heure des listes de Noël

    La liste au Père Noël reste ce petit plaisir d’enfant qui dure jusqu’à l’âge adulte. Pas une année où je ne prends pas le temps de lister tranquillement ce qui pourrait me faire plaisir, et ce qui pourrait faire plaisir, à l’occasion de Noël. Il faut nous imaginer, avec mon fils, penchés sur la table basse, chacun le stylo en l’air, prêt à dégainer pour inscrire l’idée qui fera mouche. Pour lui, ça été assez facile : jeux de constructions, Pokemon, quelques livres, une boite de magicien, encore des Lego.

    Pour moi, des livres, des boucles d’oreille, de la musique, des marrons glacés (pourvu que quelqu’un y pense…), du thé, beaucoup de bon thé ^^ et last but not least, une montre ! Je vous avais déjà parlé dans ce vieux billet de ma passion pour les montres. De ce côté-là, rien de nouveau, j’aime toujours autant les montres. Mais il ne vous aura pas échappé que la mode est aux objets connectés : la montre n’y échappe pas. J’avoue, que l’an dernier je n’y aurais pas prêté attention plus que ça, car ce qui m’intéresse dans une montre c’est d’abord son esthétique, avant le côté pratique. Sauf que depuis cette année, je me suis mise à courir, à marcher beaucoup plus et à surveiller mes performances cardiaques. Je checke toutes ces données avec mon téléphone habituellement. Sauf que bon, le sortir à chaque fois, surtout quand je cours, ce n’est pas d’une ergonomie folle. C’est là que la montre connectée m’intéresse. Reste le côté esthétique. Sur conseil, j’ai farfouillé dans la boutique de Noël du bijoutier Maty, et au milieu des bagues, bracelets et autres petits bijoux ravissants, on peut voir la montre connectée selon Maty :

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    Pas mal, non ? D’autant que le prix est plutôt doux, ce qui permet de rester fidèle à l’esprit de la marque : le beau accessible à tous.

    Si je me penche sur ce qui nous intéresse, les fonctionnalités et compatibilités : tout va bien. Compatible Androïd et Ios, la synchronisation de la montre est très simple. Ensuite, à moi, à vous, la surveillance du rythme cardiaque, l’analyse du sommeil et autre éléments de gestion de la santé. On peut aussi compter sur tout ce qui rend ces montres indispensable : la camera à distance, la notification des messages, le podomètre etc. Pour ma part, j’ai très envie de recevoir le modèle couleur canon de fusil : sobre et parfait.

    J’aime beaucoup l’idée de pouvoir continuer à succomber à ma passion des montres, tout en ayant ce plus technologique bien indispensable.

    J’ai encore quelques petites idées à trouver, il reste du temps ! Et puis, toujours dans la sélection Noël de Maty, j’ai aperçu un pendentif Olaf qui fera une petite heureuse, mais chuut :)

    Et vous, comment ça se passe cette liste au Père Noël ? Dans le rush, ou parfaitement organisé ? Vous préférez les surprises complètes, ou bien laisser une liste de choix ?

    Quoi qu’il en soit, vive les Fêtes !

     

     

     

  • René Char - Avent littéraire #10

    Ce soir encore, un poète ; ce soir encore un (presque) surréaliste. Ce soir encore un homme de combats, de résistance et de mots. Ce soir encore un poète, en somme.

    Je vous propose quelques instants avec René Char, pour la suite de cet avent littéraire. Un poète qui n’a jamais cessé d’écrire, même au front, dans le maquis avec ses camarades de lutte. Il incarne, encore une fois, cette figure du poète ancré dans le réel, qui tente de tirer quelque chose de bon et de beau des affres de l’humanité.

    Ce soir, trois poèmes, assez différents entre eux, tirés du recueil Fureur et Mystère.

     

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    Le Requin et la Mouette

    Je vois enfin la mer dans sa triple harmonie, la

    mer qui tranche de son croissant la dynastie des

    douleurs absurdes, la grande volière sauvage, la mer

    crédule comme un liseron.

    Quand je dis : j'ai levé la loi, j'ai franchi la morale,

    j'ai maillé le cœur, ce n'est pas pour me donner raison

    devant ce pèse-néant dont la rumeur étend sa palme

    au delà de me persuasion. Mais rien de ce qui m'a

    vu vivre et agir jusqu'ici n'est témoin alentour. Mon

    épaule peut bien sommeiller, ma jeunesse accourir.

    C'est de cela seul qu'il faut tirer richesse immédiate

    et opérante. Ainsi, il y a un jour de pur dans l'année,

    un jour qui creuse sa galerie merveilleuse dans

    l'écume de la mer, un jour qui monte aux yeux pour

    couronner midi. Hier la noblesse était déserte, le

    rameau était distant de ses bourgeons. Le requin et

    la mouette ne communiquaient pas.

    - O Vous, arc-en-ciel de ce rivage polisseur,

    approchez le navire de son espérance. Faites que

    toute fin supposée soit une neuve innocence, un

    fiévreux en-avant pour ceux qui trébuchent dans la

    matinale lourdeur.

     

    Post-Scriptum

    Écartez-vous de moi qui patiente sans bouche;
    A vos pieds je suis né, mais vous m’avez perdu
    Mes feux ont trop précisé leur royaume;
    Mon trésor a coulé contre votre billot.

    Le désert comme asile au seul tison suave
    Jamais ne m’a nommé, jamais ne m’a rendu.

    Écartez-vous de moi qui patiente sans bouche :
    Le trèfle de la passion est de fer dans ma main.

    Dans la stupeur de l’air où s’ouvrent mes allées,
    Le temps émondera peu à peu mon visage,
    Comme un cheval sans fin dans un labour aigri.

     

    Louis Curel de la Sorgue

    Sorgues qui t’avances derrière un rideau de papillons qui pétillent, ta faucille de doyen loyal à la main, la crémaillère du supplice en collier à ton cou, pour accomplir ta journée d’homme, quand pourrai-je m’éveiller et me sentir heureux au rythme modelé de ton seigle irréprochable ?…

    Sorgue, tes épaules comme un livre ouvert propagent leur lecture. Tu as été, enfant, le fiancé de cette fleur au chemin tracé dans le rocher qi s’évadait par un frelon… Courbé, tu observes aujourd’hui l’agonie du persécuteur qui arracha à l’aimant de la terre la cruauté d’innombrables fourmis pour la jeter en millions de meurtriers contre les tiens et contre ton espoir…

    Il y a un homme à présent debout, un homme dans un champ de seigle, un champ pareil à un chœur mitraillé, un champ sauvé.

    À demain :)

  • Tea Time

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    Hier je vous parlais de prendre le temps, notamment avec une tasse de thé. C’est la période idéale pour savourer un thé délicat, un livre sur les genoux (telle une vieille fille diront les plus vilains).

    Le thé est un sacerdoce, une passion, un vice. J’ai bien vu que je dépassais les bornes, sur ce sujet, tant en nombre de thé consommés, qu’en matière de théières ou tasses accumulées. Les quelques fois où je partage sur ce sujet sur Instagram, je m’en rends compte :) Je me demande toujours quel état d’esprit peuvent avoir les non-buveurs de thé, tant j’assimile cette boisson au plaisir et à la pleine attention de soi. Un truc vraiment égoïste, mais qui passe bien. Il m’arrive de passer des après-midi entière entre la préparation et la dégustation du thé. C’est un plaisir à part, que de préparer la bouilloire, la théière, la tasse, choisir le thé du moment, veiller à la bonne température, et puis s’installer, la tasse entre les mains, pour une parenthèse de bonheur.

    Je n’en fais pas trop ^^ Le thé est vraiment un compagnon qui m’est resté, même au moment les plus difficiles de la vie. C’est un remède de chaque jour, un peu comme les livres, le gout en plus peut-être. (Quoique l’imagination d’un lecteur peut enivrer bien des sens).

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    Sur ce, je file préparer une petite théière !

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  • Robert Desnos - Avent littéraire #9

    Le souci quand on se lance dans une sorte de calendrier de ses poètes favoris, c’est se rendre compte qu’il y en a tant qu’on aime, tant qu’on ne peut choisir. À chaque fois, j’ai envie de dire, bêtement, c’est mon préféré. Les préférés sont nombreux et se bousculent aux portes de ma mémoire.

    Alors ce soir, encore un préféré, Robert Desnos, au destin aussi tragique que peuvent l’être les destins d’écrivains. Mort au camp de Theresienstadt, Desnos a été tant poète que résistant, jusqu’au dernier souffle.

    Voici deux de mes poèmes favoris, dont un que je me permets de vous lire.

     

    J’ai Tant Rêvé de Toi

     
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    J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
    Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
        et de baiser sur cette bouche la naissance
        de la voix qui m’est chère ?
    J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
        à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
        au contour de ton corps, peut-être.
    Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
        et me gouverne depuis des jours et des années
        je deviendrais une ombre sans doute,
    Ô balances sentimentales.
    J’ai tant rêvé de toi qu’il n'est plus temps sans doute que je m’éveille.
        Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
        et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi,
        je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
        et le premier front venu.
    J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
        qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
        qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
        que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement
        sur le cadran solaire de ta vie.

     

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    Le Fard Des Argonautes

     

    Les putains de Marseille ont des sœurs océanes
    Dont les baisers malsains moisiront votre chair.
    Dans leur taverne basse un orchestre tzigane
    Fait valser les péris au bruit lourd de la mer.

    Navigateurs chantant des refrains nostalgiques,
    Partis sur la galère ou sur le noir vapeur,
    Espérez-vous d’un sistre ou d’un violon magique
    Charmer les matelots trop enclins à la peur ?

    La légende sommeille altière et surannée
    Dans le bronze funèbre et dont le passé fit son trône
    Des Argonautes qui voilà bien des années
    Partirent conquérir l’orientale toison.

    Sur vos tombes naîtront les sournois champignons
    Que louangera Néron dans une orgie claudienne
    Ou plutôt certain soir les vicieux marmitons
    Découvriront vos yeux dans le corps des poissons.

    Partez ! harpe éolienne gémit la tempête...

    Chaque fois qu’une vague épuisée éperdue
    Se pâmait sur le ventre arrondi de l’esquif
    Castor baisait Pollux chastement attentif
    À l’appel des alcyons amoureux dans la nue.

    Ils avaient pour rameur un alcide des foires
    Qui depuis quarante ans traînait son caleçon
    De défaites payées en faciles victoires
    Sur des nabots ventrus ou sur de blancs oisons.

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Une à une agonie harmonieuse et multiple
    Les vagues sont venues mourir contre la proue.
    Les cygnes languissants ont fui les requins bleus
    La fortune est passée très vite sur sa roue.
     
    Les cygnes languissants ont fui les requins bleus
    Et les perroquets verts ont crié dans les cieux.
     
    — Et mort le chant d’Éole et de l’onde limpide
    Lors nous te chanterons sur la Lyre ô Colchide.
     
    Un demi-siècle avant une vieille sorcière
    Avait égorgé là son bouc bi-centenaire.
    En restait la toison pouilleuse et déchirée
    Pourrie par le vent pur et mouillée par la mer.
     
    — Médée tu charmeras ce dragon venimeux
    Et nous tiendrons le rang de ton bouc amoureux
    Pour voir pâmer tes yeux dans ton masque sénile ;
    Ô ! tes reins épineux ô ton sexe stérile,

    Ils partirent un soir semé des lys lunaires.
    Leurs estomacs outrés teintaient tels des grelots.
    Ils berçaient de chansons obscènes leur colère
    De rut inassouvi en paillards matelots...

    Les devins aux bonnets pointus semés de lunes
    Clamaient aux rois en vain l’oracle ésotérique
    Et la mer pour rançon des douteuses fortunes
    Se paraît des joyaux des tyrans érotiques.

    — Nous reviendrons chantant des hymnes obsolètes
    Et les femmes voudront s’accoupler avec nous
    Sur la toison d’or clair dont nous ferons conquête
    Et les hommes voudront nous baiser les genoux.

    Ah ! la jonque est chinoise et grecque la trirème
    Mais la vague est la même a l’orient comme au nord
    Et le vent colporteur des horizons extrêmes
    Regarde peu la voile où s’asseoit son essor.

    Ils avaient pour esquif une vieille gabarre
    Dont le bois merveilleux énonçait des oracles.
    Pour y entrer la mer ne trouvait pas d’obstacle
    Premier monta Jason s’assit et tint la barre.

    Mais Orphée sur la lyre attestait les augures ;
    Corneilles et corbeaux hurlant rauque leur peine
    De l’ombre de leur vol rayaient les sarcophages
    Endormis au lointain de l’Égypte sereine.

    J’endormirai pour vous le dragon vulgivague
    Pour prendre la toison du bouc licornéen.
    J’ai gardé de jadis une fleur d’oranger
    Et mon doigt portera l’hyménéenne bague.

    Mais la seule toison traînée par un quadrige
    Servait de paillasson dans les cieux impudiques
    A des cyclopes nus couleur de prune et de cerise
    Hors nul d’entre eux ,ne vit le symbole ironique.

    — Oh ! les flots choqueront des arètes humaines
    Les tibias des titans sont des ocarinas
    Dans l’orphéon joyeux des stridentes sirènes
    Mais nous mangerons l’or des juteux ananas.

    Car nous incarnerons nos rêves mirifiques
    Qu’importe que Phœbus se plonge sous les flots
    Des rythmes vont surgir ô Vénus Atlantique
    De la mer pour chanter la gloire des héros.
     
    Ils mangèrent chacun deux biscuits moisissants
    Et l’un d’eux psalmodia des chansons de Calabre
    Qui suscitent la nuit les blêmes revenants
    Et la danse macabre aux danseurs doux et glabres.

    Ils revinrent chantant des hymnes obsolètes
    Les femmes entr’ouvrant l’aisselle savoureuse
    Sur la toison d’or clair s’offraient à leur conquête
    Les maris présentaient de tremblantes requêtes
    Et les enfants baisaient leurs sandales poudreuses.

    — Nous vous ferons pareils au vieil Israélite
    Qui menait sa nation par les mers spleenétiques
    Et les Juifs qui verront vos cornes symboliques
    Citant Genèse et Décalogue et Pentateuque
    Viendront vous demander le sens secret des rites.

    Alors sans gouvernail sans rameurs et sans voiles
    La nef Argo partit au fil des aventures
    Vers la toison lointaine et chaude dont les poils
    Traînaient sur l’horizon linéaire et roussi.

    — Va-t-en, va-t-en, va-t-en qu’un peuple ne t’entraîne
    Qui voudrait le goujat, fellateur clandestin
    Au phallus de la vie collant sa bouche blême
    Fût-ce de jours honteux prolonger son destin !

     

    A demain !