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La musique - Page 12

  • Souffrir passe. Avoir souffert ne passe pas.

    Je ne sais plus de qui est cette phrase, pardonnez moi...

     

    Nous sommes fin août, à quelques jours de la rentrée. J’en suis soulagée et heureuse. Vous aurez compris à mon manque d’entrain tout le mois de juillet et à ma langueur (pas monotone…) que les mois d’été sont pour moi des moments délicats. Pour de nombreuses raisons. J’ai du mal à l’expliquer vraiment, c’est un fatras dans ma tête, mais un fatras auquel je tiens.

    C’est étrange de s’avouer cela : qu’il y a des douleurs et des souvenirs presque trop intenses, auxquels on tient… Mais c’est ainsi. Le changement qui s’est un peu opéré en moi, heureusement, c’est que je sais dorénavant que je peux avancer et créer à nouveau, sans trahir ce qui a été.

    Alors voilà, je n’ai pas changé sinon en un an, et je remets des mots que je pensais très fort déjà l’an dernier…

     

    Où es-tu passé, mon passé
    Perdu dans les gorges de la Chiffa ?
    Le ruisseau oublie la guerre
    L'eau coule comme naguère
    Les enfants ne font plus de grimaces
    Ils dansent dans la vallée
    Ils oublient leur faim et leur race
    Ils jouent en liberté

    Où es-tu mon passé
    Si beau, si loin, si près ?
    Où es-tu passé mon passé
    Là-bas, ici ou à côté ?

    Les pique-niques en famille
    Les chapeaux de paille en pacotille
    Les tomates ruisselantes d'huile d'olive
    Les moustiques partaient sur l'autre rive
    C'était le temps de la puberté,
    Nous chassions les mauvaises pensées
    Les arbres nous tenaient à l'ombre
    Nos cœurs amoureux étaient sombres

    Où es-tu mon passé
    Si beau, si loin, si près ?
    Où es-tu passé mon passé
    Là-bas, ici ou à côté ?

    Où es-tu passé, mon passé
    Dans ce village de cyprès
    Où coule la source la plus belle ?
    Comme un oiseau, mon âme a pris ses ailes
    Pour monter là-haut dans le ciel bleu
    Rejoindre ce monde étrange de feu,
    Le jardin parfumé des artistes,
    Graver un nom de plus sur la liste

    Où es-tu mon passé
    Si beau, si loin, si près ?
    Où es-tu passé mon passé
    Là-bas, ici ou à côté ?

    Mon pays sent bon le jasmin
    J'aimerais y retourner demain
    Les fleurs ne sont plus arrosées
    La terre rouge s'est refermée !
    La guerre assassine les innocents,
    Les vieux, les femmes et les enfants
    Et le ruisseau de ma jeunesse,
    Léger, danse avec ivresse

    Où es-tu passé, mon passé ?
    Le soleil se couche derrière les orangers
    J'ai peur d'oublier mes souvenirs
    Non, non, il ne faut pas mourir !

    Paroles J-C Brialy / Musique P Amoyel

     

     

    Où es-tu passé mon passé ? C'est une question que je me pose quelquefois. La mémoire est  une obsession chez moi. Plus que la mémoire le regret de celle-ci. Je ne suis pas une personne particulièrement cafardeuse, mais je peux verser facilement dans  la mélancolie des souvenirs passés. J'aime la vie, le mouvement, l'idée que chaque nouveau jour offre un champ infini de possibilité. Mais je reste fidèle à ma mémoire et attachée à mon passé.

    Pour tout dire, j'ai du mal avec la fin : les souvenirs ce sont avant tout des choses qui se sont terminées, qui n'existent plus. On ne peut plus rattraper le passé, il est, comme dit la chanson, si loin et si près, et je ne peux le toucher.

    J'ai plus de 30 ans et cela fait bien 20 ans que j'attends de grandir, de devenir adulte. Plus petite, j'étais assez mystique, et je pensais qu'il viendrait un message d'on ne sais où, qui me dirait le moment venu, quoi faire, comment et pourquoi le faire. Et je prenais pas mal de choses au pied de la lettre. Je n'étais déjà pas très intelligente : je pensais que vers 18-20 ans, je deviendrais brusquement quelqu'un d'autre, une adulte portée vers son avenir, avec la maturité et la sérénité nécessaire à l'accomplissement de ce long chemin qu'est la vie.

    Mais non. Il n'y a jamais eu de message descendu des nuages, il n'y jamais eu cette transformation d'une enfant en une adulte accomplie. Il y a juste la même personne encore assez lucide pour comprendre que chaque moment qu'elle vivait, qui se terminait, était un morceau d'elle qui lui était arraché.

    Je n'aime pas le temps tel qu'on en a conscience, c'est-à-dire le temps linéaire, l'abscisse terne et trop simple. Je préfère m'accrocher à l'idée que le temps possède plusieurs dimensions. Je suis cataloguée comme littéraire (malgré mon amour des fautes d'orthographe...) mais les sciences physiques m'ont toujours attirés. L'étude de la physique est comme celle de la philosophie : un facteur essentiel de la construction de l'âme humaine.

    Le temps m'échappe, il file entre mes doigts, et ce qui est passé ne reviendra jamais. J'ai cherché des moyens de me rassurer, de trouver des réponses qui me conviennent. La lecture physique du temps que j'ai pu découvrir chez Einstein, Minkowski ou Planck a pu me donner un peu d'espoir d'un point de vue théorique, mais il n'en restait pas moins que le passé ne revient pas car je ne sais pas dépasser cette dimension linéaire. J'ai longtemps crû qu'en les lisant bien et consciencieusement, je pourrais comprendre ce que ces physiciens démontraient, et alors je serais assez maligne pour sauter dans une autre dimension du temps : quand je vous dis que je ne brillais guère par mon intelligence... Bref, j'ai fini par comprendre qu'en allant plus vite que la lumière j'arriverais à peine à retourner quelques secondes en arrières... Vanité. Je continue à creuser ces théories bien compliquées pour ma petite cervelle, mais en parallèle je me suis intéressée à la notion ésotérique et philosophique  du temps, avec des référents tels que Mircea Eliade, Zénon,René Guénon ou Bertrand Russel. Mais aussi intéressante que soient ces lectures (et franchement elles le sont !), elles ne m'ont jamais apporté la solution immédiate et concrète que j'attends : le moyen de rattraper ma vie dans tous ses moments particuliers qui me sont chers.

    Je pensais qu'être adulte c'était accepter de laisser les choses derrières soi, pour ne regarder que devant, ou tout au moins accepter sereinement de ne pas tout maitriser en ce domaine.

    Alors j'attendais que ça vienne, la sérénité, le renoncement. Mais le temps se contente de passer, avec lui les moments et les souvenirs, les sentiments, l'amour, la mémoire.

    Je ne suis plus aussi angoissée par le temps qu'à 17 ans, mais je reste dépitée par l'idée que je ne peux contrôler le temps. J'aimerais pouvoir sauter allègrement de l'année 1981 à 1992, revenir aujourd'hui et repartir en 1986. Pourquoi les choses se terminent-elles ? Pourquoi ne peut-on revivre éternellement nos moments préférés. Je ne renie pas l'avenir pour autant, parce que le passé a été un moment un avenir qui m'a offert de nouvelles joies.

    Je revois mon enfance, des moments d'incroyable insouciance, le soleil dans le jardin de mes parents, ma grand-mère, les oliviers et la colline qui grimpe vers Akbou.

    Mon passé c'est le ruisseau qui coulait derrière la maison, les expéditions avec mes cousins dans le verger, comme si c'était une forêt mystérieuse, le sommeil lourd de la sieste quotidienne, les premiers garçons, les lectures d'auteurs inconnus...

     

    Je voudrais qu'il n'y ait que des premières fois qui durent toujours

     


  • La mémoire est toujours aux ordres du coeur...

    ...ainsi disait l'impétueux Rivarol !

     

    Parfois l’enchaînement des pensées produit des moments merveilleux de bonheur et d’évidence. On regarde un film, on entend vaguement une chanson. Voilà que l’on cherche la chanson sur youtube pour la réécouter un peu mieux. De clic en clic on passe de Barbara Streisand à Barry Gibb…

    Et puis, sans même avoir besoin de fermer les yeux, on voit précisément l’instant où l’on a été malheureux en écoutant cette chanson. Et le souvenir même de ces larmes éperdues, devient un moment de bonheur, à l’instant où le souvenir s’envole encore, vers ailleurs. Et ailleurs c’est toujours dans la mémoire. La chanson terminée, voilà que se joue devant nous une ancienne scène, à la tirade bien connue. Un homme et une femme se font des serments, des promesses. La vie est simple, on s’aime, on s’adore, puis on se déçoit un peu, beaucoup, on se trahit. Vient la déchirure, et une autre chanson avec. Mais ce souvenir encore n’est plus le même : il y a comme une joie de l’avoir vécu : c’est une expérience, c’est la vie. Avoir eu mal, c’est avoir été vivant, preuve que l’on peut encore l’être alors ? Oui.

     

     

    Autrefois, peut-être, il y avait comme un rideau gris, des larmes qui embrumaient ces souvenirs : se rappeler trop c’était se faire mal, et pour autant on ne regardait pas plus avant ; pourquoi se créer de faux souvenirs, qui viendront vous tourmenter…Maintenant c’est différent, enfin il semble…

  • Hé ho !!!

    Mes agneaux je reviens bientôt de cette pause blogguesque, mais j’en avais besoin ! J’espère que vous allez tous bien, j’aperçois certains d’entre vous sur twitter, mais vous me manquez !

    J’ai ouvert mon lecteur de flux, 256 articles non lus…. Vous ne m’en voudrez pas si je ne remonte pas vos blogs respectifs, hein ? Promis ?

    Bises, à demain !

     


  • Oh, comme j’aime l’oubli


    Oh comme j'aime l'oubli
    J'aime que rien ne repose sur rien,
    que mon verre soit vide puis rempli
    juste parce que j'ai levé la main.
    Et j'aime que tout soit évident,
    que le jour tombe avec la nuit
    D'ailleurs si c'est pas trop demander
    j'aimerais voir un jour.. tomber..
    Parfois c'est si rare, tout est bien
    tout a l'air d'être comme il faut
    et les néons et la radio le r'n'b copain-copain
    J'aimerais ne me souvenir d'aucun
    des trucs qui m'ont embarqué
    que ce que j'ai aimé soit loin
    et seulement voir le jour tomber.
    J'aime les bars comme cela l'hiver
    face à l'hippodrome à Orvault
    j'aime déjà ma prochaine bière
    c'est la dernière il ferme tôt ce soir
    car c'est l'anniversaire de ma fille monsieur désolé
    je vous en prie un dernier verre
    maintenant que le jour est tombé ...

    Dominique A - J'aimerais voir le jour tomber



    Sans titre 2.JPG

     

    Tu vois, on voudrait être simple et normal, mais on n'y arrive pas. Le fait est qu'on ramasse tout son courage, on fait sa petite liste, on rédige les résolutions pour un moment nouveau. Et puis on attend, mon ange, on attend. Et rien ne se passe, personne ne vient t'aider.

    Tu vois, on croit pouvoir affronter le ciel, la foule des têtes inconnues, leur sourire, faire comme si. Comme quoi d'ailleurs ? Mais non, la préméditation tue l'action. Si on se noie par surprise, l'instinct de survie nous sauvera, mais  si l'on programme cette noyade, le peu de raison qui reste nous commandera de fuir, de rester loin des berges dangereuses.

    Alors on fuit mon ange, on fuit et la liste reste intacte, aucune rature. Plus tard, on regardera à nouveau. L'audace ne vient qu'en plein danger.

    Tu vois, on voudrait trouver l'instinct naturel de la vie, et on ne fait qu'observer. Observer nous convient parfaitement, parfois on rentre dans le jeu, mais observer suffit amplement. Regarder la beauté comme la bassesse, les joies, les malheurs, les soubresauts de la vie des autres, les passions, les relâchements, les trahisons, les promesses.... Observer et deviner la suite : se tromper parfois, mais deviner juste la plupart du temps. Alors pourquoi se jeter dans la gueule du loup ? On sait bien ce qu'il en sera mon ange, alors pourquoi anticiper, et donner prise aux déconvenues. Après tout, on est bien là, à regarder la beauté et la bassesse du monde. Sans y prendre part plus que nécessaire.

    Tu vois, à force de rire et d'être heureuse, il y a toujours, toujours, ce moment ou une simple petite chose sera la goutte d'amertume qui abimera tout, définitivement. Jusqu'aux prochains éclats de rires et de larmes.

    Alors parfois, on veut juste se reposer de ce cycle, se retirer dans une bulle, ignorer le monde non choisi. Se concentrer sur la beauté et l'étrange, juste ça.

    Il faudrait dire aux petites filles qu'elles grandiront, et que ce sera moins drôle.... Le chevalier et le fou ne viendront que si on les évoque très fort. Le tableau prend vie, la princesse couronnée de rose reprend espoir. Est-on stupide de vouloir vivre au temps des fées, des champs de fleurs ? Est-on si ridicule de vouloir des chemins herbeux parcourus par des rossinantes fatiguées et des cavaliers étranges et beaux ?

    Tu vois, il reste encore cela à nous dire, que personne ne pourrait comprendre mieux que toi. La multitude est effrayante, même celle qui sourit... Maladroite et timide, rayonnante et audacieuse. Le jour et la nuit.

    Mais je préfère la nuit mon ange.

    La nuit.

     

     

  • Lundi, la pente, encore

     

    Une photo, un poème, de la musique, des réflexions. Vous savez que les miroirs réfléchissent ? On devrait leur laisser ce monopole, et se contenter de regarder, d'admirer, d'aimer.

    Un être humain n'est pas un miroir. Curieux qu'il réfléchisse du coup. Notez que cela explique la douleur occasionnée. Quand on n'est pas fait pour quelque chose, on s'abstient.

    Et Claudine Longet vit quelque part.


    Tentative de smiley : <3 !

     

     

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    Steve - Ali

    Je te donne ces vers afin que si mon nom
    Aborde heureusement aux époques lointaines,
    Et fait rêver un soir les cervelles humaines,
    Vaisseau favorisé par un grand aquilon,

    Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,
    Fatigue le lecteur ainsi qu'un tympanon,
    Et par un fraternel et mystique chaînon
    Reste comme pendue à mes rimes hautaines ;

    Être maudit à qui, de l'abîme profond
    Jusqu'au plus haut du ciel, rien, hors moi, ne réponds !
    - Ô toi qui, comme une ombre à la trace éphémère,

    Foules d'un pied léger et d'un regard serein
    Les stupides mortels qui t'ont jugée amère,
    Statue aux yeux de jais, grand ange au front d'airain !

    Charles Baudelaire.