Titre emprunté à Paul Auster.
Les journées passent un peu trop vite. Malgré mes efforts à les rallonger tant et plus, elles passent à l'allure du vent.
Compiler de jolies photos, passer de longs moments à regarder les visages surgit du passé, la poésie d'un nuage ou la courbe travaillée d'une jolie tasse de thé... Inutile, vain et plaisant.
Et puis la musique, de la musique, tout le temps. Dans mes oreilles, de la musique classique, de la pop commerciale facile, de la chanson à texte, tout, en fait, du moment que cela distrait mes pensées et m'emmène un peu ailleurs en moi.
Je me sens dans un état étrange, je n'ai envie que de beauté et de finesse à l'œil. Non pas que je veuille acquérir quoi que ce soit pour moi, mais j'ai juste l'envie de ne m'entourer que de beauté. Comme une nécessité d'échapper à la médiocrité de toutes forces.
Alors je regarde de belles images et j'écoute de belles chansons, des nappes de piano facile et des larmes de violons. Tout cela fonctionne assez bien sur l'humeur. Il y a comme un sentiment nouveau, un réveil à la vie. Grâce au printemps ? Une forme évoluée de printemps de l'âme en tout cas.
J'ai même trouvé le temps, enfin, de répondre à quasi tout les commentaires précédents, je m'en voulais tant de vous laisser sans réponse, comme un manque de respect à votre attention.
Vous croyez aux liens ? À des liens particuliers qui peuvent unir par delà les mots ? Je ressens parfois cela. Je vous observe, tous et toutes, ici ou ailleurs, je ris à vos textes ou bien j'en suis émue et je m'attache. Je me crée toute seule des liens envers les uns et les autres. J'ai beau clamer une certaine misanthropie, celle ci finit par relever de la posture, vu ma capacité finalement à m'attacher et à faire du lien. On se croit distante et cynique et on se découvre des capacités infinies d'attachement envers de quasi inconnu.
Etre heureux c'est accepter cela, et avoir envie de beauté autour de soi.
Faut croire que je vous aime tous bien, et que vous me rendez heureuse, à votre corps défendant.
Pourquoi dire cela ? Parce que je sais parfois sembler distante ou égocentrique, voire égotique. La communication n'a jamais été mon fort.
Dimanche, j'ai appelé ma mère, au bout de presque deux de silence de ma part. Non pas que nous soyons fâchés. Non, juste quand ça ne va pas, je me renferme et je coupe le son. C'est compliqué ensuite de revenir. J'essaie de changer à cet égard. J'essaie de ne pas voir le téléphone comme un ennemi. J'essaie d'accepter qu'on ait une mauvaise image de moi, même si elle est erronée : ça ne devrait pas être grave tout cela, du moment que j'ai encore accès à la beauté et au savoir, et que le lien puisse encore se tisser.
Mon Dieu, est-il possible de changer ? De devenir adulte ? Longtemps j'ai attendu un message, qu'un ange descendu du Ciel, ou n'importe qui en fait, vienne et me dise : A. il est temps, ça y est tu es adulte, tu sauras comment faire pour vivre maintenant. Personne n'est jamais venu.
Personne.
Un ange peut-être, indifférent, simple et brut, le reflet dans le miroir, le cadeau du hasard.
Puis j'ai appelé ma mère.