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Les livres - Page 21

  • Douglas Coupland - Toutes les familles sont psychotiques

    Douglas Coupland c’est l’auteur de toute une génération, la Génération X, du nom de son premier roman, qui a su décrire ce phénomène de culture accéléré, la schizophrénie de notre société et le bazar littéral dans le quel nous vivons.
    Toutes les familles sont psychotiques…

    douglans coupland,au diable vauvert,10-18


    Avant même de lire ce roman, d’en connaître le titre, c’est une formule que je me répétais comme un mantra plus jeune. Quand mes parents se disputaient ou qu’une quelconque frénésie prenait la maison, créant embrouilles, discussions oiseuses et éclats de voix, je me disais en moi-même que nous n’étions qu’une famille comme les autres avec ses problèmes et ses joies. Que nous n’étions pas à part, les seuls au monde à connaître des disputes. Je le disais pour me rassurer, rassurer la petite fille que j’étais, que nulle famille au monde ne connaissait un bonheur parfait et égal. Egoïstement, ça permet de traverser plus facilement des moments difficiles…
    Bref, toutes les familles sont psychotiques, et la famille Drummond guère plus qu’une autre.
    Douglas Coupland maitrise parfaitement l’art de la surprise, de la description des vies intérieures de chacun aussi.
    Au début du roman, nous sommes avec une gentille petite famille nord-américaine, Ted, Janet, et leurs enfants Wade, Bryan et Sarah. Tout ce petit monde est réuni à Cap Canaveral pour assister au départ dans l’espace de Sarah, le petit génie de la famille.
    Mais la façade idéale va se fissurer très vite.
    Passée la surprise d’apprendre que Ted et Janet sont en fait divorcés, que Wade est une sorte d’escroc à la petite semaine, que Bryan ne sait que se suicider ou confier sa vie à une jeune femme grenouille de bénitier, que le marie de Sarah la trompe avec la femme d’un autre astronaute, passé cette surprise, on ne fait qu’assister à la course folle d’une famille vers quelques chose. Quelque chose qu’on pourrait désigner par l’apaisement de l’esprit, le besoin d’être réconforté et rassuré.
    C’est une famille secouée de névroses, comme nous en avons tous, mais aussi hanté par la maladie. Le SIDA, attrapé par ce coureur de jupons de Wade, qu’il a transmis à sa mère alors qu’elle s’interposait entre lui et un revolver, le cancer du foie de Ted, le père, et le SIDA de Nickie, sa nouvelle épouse. Sans oublier la main en moins de Sarah, dont la mère Janet prenait du Thalidomide avant sa naissance…
    C’est un drôle de tableau,  qu’on pourrait croire sombre, mais en fait ce n’est que la façade. Derrière il y a des êtres humains plein d’amour et de joies, de colère, de haine aussi, mais pétrie de tendresse. La tendresse qui les unit tous ne peut être niée. En témoigne la folie dont chacun eut faire preuve pour aider l’autre. Partant à la chasse d’une mystérieuse lettre, au travers de marais, d’individus louche, la rencontre d’un être étonnant finira par les réunir encore une fois dans des explosions d’étrangetés et de délires uniques.
    Nous sommes tous malades, psychotiques, névrosés. Seulement nos névroses nous paraissent plus enviables que celles des autres et nous ne leur donnons pas ce nom honteux. Pourtant il ne s’agit rien d’autres que de ça, de névroses et de notre manière d’agir avec les autres, nos cachotteries,  nos envies, nos espoirs secrets, tout cela ne nous rend ni meilleurs ni pire, juste différents.
    J’ai adoré passer ces quelques pages avec la famille Drummond et l’infinie tendresse qu’elle projette. J’ai été mal à l’aise parfois, avant de reprendre à mon compte ce regard incroyable de Coupland sur ses personnages. On en peut que s’identifier, malgré toutes ces « tares », parce qu’au fond, le plus important, reste cette course commune que nous faisons tous vers l’apaisement et le bonheur.


    Toutes les familles sont psychotiques - Douglas Couplant

    389 pages

    Dans les 20€ en grand format (Au Diable Vauvert)  ou 8€ en poche (chez 10-18)


  • Sukkwan Island - David Vann

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    Sukkwan Island de David Vann, c’est le bouquin qu’il fallait lire l’an dernier, ou avant, je sais plus.
    J’ai attendu un certain avant de rendre compte de ma lecture, parce que je ne savais pas trop comment en parler, sans en dire trop, et surtout sans faire sa mijaurée qui chipote sur le bouquin que tout le monde a adoré.
    En fait j’ai bien aimé. J’ai même adoré jusqu’à la page 118 pour être précise. Après c’était très bien aussi.
    C’est n’importe quoi, me direz-vous, si c’était bien avant et après ? Bah non.
    Mais reprenons au départ.


    Sukkwan Island raconte l’histoire d’un homme Jim, qui décide de passer un an sur une île isolé, en Alaska, avec son fils Roy, tout jeune ado.
    L’idée est de resserrer les liens père-fils, en profitant de l’isolement et de la nature sauvage. Au programme, chasse, pêche, nature et discussion… (Oui je sais)
    Mais très vite on se rend compte du boulet égoïste qu’est Jim le père. Celui-ci navigue presque à vue, n’a pas si bien préparé cette immersion en pleine nature, et surtout fait preuve de légèreté, voire de lâcheté, quand il ne pleure pas sur son sort de coureurs de jupons double divorcé. Car le problème est là : Jim merde sur tout les plans, à cause avant tout d’un égotisme confondant de naïveté. Et une fois qu’il a merdé, il pleure et s’excuse. Le jeune Roy assiste à son naufrage, comme père, comme robinson volontaire et comme homme, tout court.

    Jim veut recommencer sa vie, loin de ses erreurs de mari et de père, mais il ne fait que s’enfoncer dans son égoïsme aveugle. Il met son fils dans des situations plus délicates les unes que les autres, parfois en danger…
    Jusqu’au point de non-retour, page 118. Que je n’ai pas aimé, car ne correspondant pas à ce que l’auteur nous montre du jeune Roy jusque là. Je n’en dirais pas plus, pour ceux qui veulent se garder la surprise de la lecture, mais quelle déception pour moi.
    Pourtant je comprends cette page 118, puisque elle sera l’occasion d’aller encore plus profond dans la noirceur et le désarroi. Ce seront des pages magnifiques, tant on observe le gâchis de ces vies au plus près.


    Bref j’ai aimé, bien aimé même, mais il me reste en travers de la gorge comme une sorte de liberté prise à mes dépends de lectrice.


    Curieux.


    Sukkwan Island - David Vann

    Editions Gallmeister

    Dans les 8€ - 200 pages

  • Père Castor, raconte moi une histoire !

    Le rituel de l’histoire du soir, c’est la petite habitude qui date des huit ou neuf mois de mon fils. Lui lire un joli conte, un récit, ça l’a toujours apaisé. Est-ce le rythme de la voix, qu’on module pour l’occasion, la sonorité des mots, le contenu... C’est un peu tout ça qui fait la magie de l’instant et qui conduit au sommeil en douceur.
    Plus il grandit, plus on lit des choses différentes le soir, y compris des atlas, des bouquins de science, des bandes dessinées. Mais il y  a un genre qui ne nous fait jamais défaut : les contes !
    Le Père Castor, c’est un cador (hé hé ça rime ^^) dans le genre dealer de conte. Mon fils aime bien la série de dessin animé qui en a été tiré, et nous avons quelques contes du Père Castor.
    Celui que nous avons reçu avant Noël était parfait pour la période !

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    Les Petites Histoires du Père Castor Pour Noël, est un joli recueil d’histoires bien différentes.
    Différents par leur origine : il y a des histoires de chez nous, russe, africaines… Et puis différentes aussi par leur illustration, et par le ton. On fait un saut, d’univers en univers, toujours autour du Père Noël, avec de l’espièglerie, du rire, de l’émotion aussi un peu juste assez pour avoir envie de faire un câlin avec maman :) le genre d’émotion qui donne envie aux enfants de lire un peu plus encore !

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    Son histoire favorite.


    La curiosité de mon fils a été attisée par la description de mondes différents du sien, et de traditions qu’il ne connaît pas forcément. C’est comme ça l’occasion de discuter un peu et de découvrir autre chose justement.
    Bref, un chouette album, à lire et à relire !
    Merci à Babelio et à l'opération Masse Critique pour cet ouvrage qui est toujours sur la table de chevet de mon fils !

  • Franky Knight et la Délicatesse

    Il y a des douceurs qui restent longtemps a l’esprit après les avoir croisées.

    Le roman de David Foenkinos, La Délicatesse, est de celles-là.

     

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    C’est un roman qui a fait les beaux jours de la bloggosphère, je ne compte plus les billets qui en parlent…  C’était un joli roman, avec quelque chose  entre l’espoir et un fragile sourire de tristesse. Un roman somme toute positif, qui redonne envie de croire.

    Après tout la vie n’est rien d’autre qu’une chose fragile, une toile délicate qui se tisse, au fil des hasards, des rencontres, des regards, de ces gestes qu’on ose ou que l’on n’ose pas.

    Ce qui m’avait plus dans le roman, a fini de me séduire dans le film, qui sort le 21 décembre.

     

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    LA DÉLICATESSE : BANDE-ANNONCE


    J’ai eu la chance de découvrir le film en avant-première, un jour où j’en avais particulièrement besoin. Je crois que je fais partie de ces pessimistes cyniques, plus prompts à communiquer sur ce qu’ils n’aiment pas, qu’à étaler leurs joies et leurs bonheurs. Cela joue des tours, et il arrive des moments où il devient vital d’avoir un regard doux, joyeux, simple et positif. Il faut en avoir le talent, ce qui n’est pas mon cas. Et c’est ce que j’aime chez les Foenkinos. : David, l’écrivain, et co-réalisateur avec son frère Stéphane de cette adaptation, avec une belle affiche. Audrey Tautou, métaphore vivante de la délicatesse, campe une Nathalie aux contours légers et si grave pourtant.

    L’optimisme et la tendresse du roman ne sont pas trahis à l’écran. Et la musique d’Emilie Simon n’y est pas pour rien.

    Car c’est sa partition qui accompagne le film. Une bande originale aussi délicate et romantique que le sujet.

     

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    Cet album d’Émilie Simon, c’est Franky Knight. Un beau chevalier, qu’on entend déjà pas mal, et pas que sur France Inter :)

    Un album aux sonorités spéciales. Presque une lamentation, ou un lamento plutôt. J’ai lu quelque part à son sujet, le mot prière. Oui, c’est une sorte de prière, laïque et musicale. Une prière à l’absent. Et cet absent, c’est l’amoureux d’Émilie Simon, décédé il y a deux ans. La chanteuse a fait avec Franky Knight comme une conversation avec l’absent. Une conversation où elle seule parle, ou plutôt chante, ce qui lui reste de cet amour.

    Alors pour ceux qui ont lu La Délicatesse, vous comprendrez l’émotion, presque tragique, mais si belle, qui vous envahit à l’écoute de Mon Chevalier, ou de Jetaimejetaimejetaime….


    Jamais musique n’a aussi bien correspondu à un film. La simplicité, je vous disais, la simplicité efficace et implacable de l’amour total, qui s’exprime ici dans sa version la plus brute, la plus nue. On croit presque entendre la transparence des larmes dans ses mots. Pardon pour cette petite correspondance osée, mais c’est ce que je ressentais. Les images, les sons, les sentiments se mêlent intimement pour faire une seule et belle ode à l’amour. Pas de tristesse morbide, pas de regrets inutiles, nous écoutons ici la célébration d’un amour et d’une vie, qui continuent, différemment.

     

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    Emilie Simon © Arnaud Borrel - 2011


    Je vous recommande cet article sur le site de France Inter, qui en parle très bien.

    Le film La Délicatesse, de David et Stéphane Foenkinos, sort le 21 décembre, ce mercredi.

    Quant à l’album d’Émilie Simon, Franky Knight, cette merveille est disponible depuis le 5 décembre, et je suis persuadée qu’il fera le bonheur de plus d’un sous le sapin. A offrir avec le roman, pourquoi pas.

     

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    Emilie Simon © Arnaud Borrel - 2011


  • Anne Perry et Camilla Läckberg

    Poursuivons avec l’esprit de Noël, mais dans un autre domaine, celui de la littérature.

    Deux petits livres vont nous occuper aujourd’hui, deux romans « policier », dans des genres très différents.

    Le premier est pour moi une incursion quasi inédite dans les terres froides des polars nordiques…. Comme je l’ai dit quelquefois, je suis du genre casse-pied qui n’aime pas les trucs mainstream. Il suffit qu’un genre, un auteur, fonctionne à mort, pour que je m’en désintéresse…

    Mais j’ai profité d’une initiative de Claudialucia, une lecture commune, pour m’emparer de mon premier roman de Camilla Läckberg, une des reines du polar venu du froid.

    Cette lecture commune était pour le 5 décembre, mais j’ai été un peu (beaucoup) off line, et je renouvelle à Claudialucia mes excuses pour le retard…

    Revenons à Camilla Läckberg. Le roman que j’ai choisi, c’est Cyanure, un petit opuscule qui a priori ne reprend pas ses héros habituels (que je en connais pas).

    camilla läckberg, anne perry, cyanure, un noël plein d'espoir, roman, polar


    Voilà le résumé de l’éditeur ; « Quelques jours avant Noël, sa petite amie, Lisette Liljecrona, invite Martin Molin (collègue de Patrick Hedström) à venir passer le week-end avec sa famille sur la petite île de Välo en Suède. L’idée ne l’enthousiasme guère et c’est à contrecœur qu’il accepte de l’accompagner. Ses appréhensions se voient confirmées lorsqu’il fait la connaissance des Liljecrona. Avec plus ou moins d’élégance, tous s’acharnent à obtenir les faveurs du patriarche dont la fortune s’élève à plusieurs milliards de couronnes. Cette course à l’héritage tourne court lorsque, le soir même, Ruben, déçu et furieux contre les membres de sa famille, affirme les avoir déshérités. Gagné par son emportement, le vieil homme meurt soudainement, vraisemblablement victime d’un malaise cardiaque. Une tempête de neige fait rage dans la région et les hôtes sont dans l’impossibilité de regagner le continent. Martin prend alors la situation en main et constate que Ruben a été empoisonné. Personne n’a pénétré dans la maison, le meurtrier est donc forcément parmi les convives. En les interrogeant, le jeune policier tente avec peine de démêler les vieilles rancœurs familiales des pistes plus sérieuses. Seul Matte, l’un des petits-enfants de Ruben, semble sincèrement affecté par sa mort. Comme tous les moyens de communication avec l’extérieur sont coupés, Martin se retrouve livré à lui-même face à sept suspects. Bientôt, un nouveau meurtre est commis. Le cadavre de Matte est retrouvé étendu dans sa chambre, une blessure par balle déchirant sa poitrine… Mêlant heureusement les influences de Conan Doyle et d’Agatha Christie, Camilla Läckberg nous offre dans ce spin-off une variation réjouissante et glaçante sur le roman policier classique. »

     

    Bon, bah, tout est dit en fait.

    Un roman avec énigme en vase clos, un policier débutant, une ambiance tendue et malsaine, des personnages archétypaux….

    Mais, peu de rebondissements, pas d’originalité et franchement ça ressemble à une rédaction sur le thème de « faite comme Agatha Christie ou Gaston Leroux ». Une très bonne rédaction, certes, mais cela ressemble trop à un exercice de style convenu.

    Pire, ça ressemble à un bouquin sorti vite fait avant Noël pour être déposé sous le sapin…

    On ne me dit que du bien de Camilla Läckberg, il va donc falloir que je me penche sur un autre de ses romans, avant de la remiser totalement au placard…

    Dans un autre style, j’ai beaucoup aimé le second roman. Le Anne Perry traditionnel de Noël, qui au moins assume le côté fin d’année et qui propose toujours une histoire travaillée et de qualité.

    Cette année, Un Noël Plein d’Espoir met en scène deux petites filles pauvres des faubourgs de Londres.

    camilla läckberg, anne perry, cyanure, un noël plein d'espoir, roman, polar


    La petite Minnie Maude Mudway s’inquiète de la disparition de son âne, qui était en compagnie de son oncle quand celui-ci est mort.

    Gracie est une autre petite fille, qui tombe sur Minnie Maude, perdue dans son quartier. Elle finira par céder au désespoir de la gamine, qui s’inquiète pour un âne et qui ne se remet pas de la mort de son oncle. Partis dans une simple enquête à la recherche de cet âne, nous allons suivre ces petites filles dans une aventure qui va s’avérer plus complexe et plus dangereuse qu’au premier abord. Une charrette disparue, une mystérieuse boite, des témoins peu bavards et puis un vrai final digne de Noël !

    J’ai adoré suivre ces deux petites filles dans une enquête vraiment bien ficelée, lue d’une traite, avec quelques tasses de thé pour reprendre mon souffle !

    Un vrai bonheur, comme ces douceurs qu’on a plaisir à retrouver à cette période.