Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Poésie - Page 14

  • Sylvia et un narcisse

    Cette journée s’achève au milieu des fleurs et de la poésie. Les fleurs ce sont les narcisses que j’ai croisés à tant de rues aujourd’hui… Et la poésie, c’est elle qu’on célébrait aussi ce 21 mars.

    Alors allions les deux, fleurs et poésie, avec ce court extrait de Sylvia Plath. Encore une femme d’exception qui a brûlé sa vie comme une étoile filante.

     

    AMONG THE NARCISSI

    Spry, wry, and gray as these March sticks,
    Percy bows, in his blue peajacket, among the narcissi.
    He is recuperating from something on the lung.

    The narcissi, too, are bowing to some big thing :
    It rattles their stars on the green hill where Percy
    Nurses the hardship of his stitches, and walks and walks.

    There is a dignity to this; there is a formality-
    The flowers vivid as bandages, and the man mending.
    They bow and stand : they suffer such attacks!

    And the octogenarian loves the little flocks.
    He is quite blue; the terrible wind tries his breathing.
    The narcissi look up like children, quickly and whitely.

     

     

    AU MILIEU DES NARCISSES

    Alerte, courbé, et aussi blême que ces bâtons de mars,

    Percy se penche, dans son caban bleu, au milieu des narcisses.

    Il est là qui se remet de quelque chose au poumon.

     

    Les narcisses, eux aussi, s’inclinent devant quelque grande chose :

    Leurs corolles en sont tout agitées sur cette verte colline où Percy

    Prend soins de ses sutures douloureuses, et marche, marche, marche.

     

    Il y a une dignité à cela ; il y a un cérémonial –

    Ces fleurs aussi lumineuses que des pansements, et cet homme en train de guérir.

    Ils s’inclinent et se redressent : ils endurent de telles attaques !

     

    Et l’octogénaire aime ces petits troupeaux.

    Il est tout bleu ; le vent atroce éprouve sa respiration.

    Vifs et blancs, les narcisses lèvent les yeux comme des enfants.

     

    J’espère que cette petite fleur du soir trouvera grâce auprès de Chrys et Zaza, en ce lundi (pas tout à fait) comme les autres !

     

    Et pour clôturer cette journée, regardez ce que j’ai reçu de Marie-Ange !! Fin décembre j’ai participé à deux swaps, et il y a eu comme qui dirait des soucis postaux, pour rester polie…. J’ai ainsi été lésée de deux colis swap, et de diverses bricoles commandées à distance et qui ne sont jamais arrivées jusqu’à moi…

    SN153904.JPG

    SN153905.JPG


    Certaines choses ont pu être remboursées, mais les colis perso, c’est toujours irrécupérable !

    Vous comprenez mon plaisir à l'ouverture de ce colis !

    Marie-Ange est un ange :)

  • Renée au Parnasse et moi dans mon lit

    Une petite bronchite asthmathiforme ayant décidé d’élire place en mes poumons, je n’ai pas pu faire tout ce que j’envisageais ce week-end. Quoique boire du thé et dormir c’est bien aussi….

    J’en ai profité pour relire quelques poètes que j’affectionne tout particulièrement, et aujourd’hui j’ai laissé quelques vacances à ce pauvre Eluard que je pille à tout-va…

    J’aimerais profiter des dimanches poétiques pour vous présenter Renée Vivien, une poétesse anglaise de langue française (vous avez sa fiche wikipédia là), que j’apprécie pas mal, comme la plupart des poètes du Parnasse il faut bien l’avouer… L'histoire de sa vie à elle seule mérite un roman !

    Je vous laisse donc avec ces jolis vers, que vous pourrez déclamer à votre amoureux(se) ou juste lire pour vous-même.

    Je m’en retourne à ma théière, le cœur léger, et bonne fin de dimanche !

     

    L’offrande - Renée Vivien

    Pour lui prouver que je l’aime plus que moi-même,
    Je donnerai mes yeux à la femme que j’aime.

    Je lui dirai d’un ton humble, tendre et joyeux :
    Ma très chère, voici l’offrande de mes yeux.

    Je te donnerai mes yeux qui virent tant de choses.
    Tant de couchants et tant de mers et tant de roses.

    Ces yeux, qui furent miens, se posèrent jadis
    Sur le terrible autel de l’antique Eleusis,

    Sur Séville aux beautés pieuses et profanes,
    Sur la lente Arabie avec ses caravanes.

    J’ai vu Grenade éprise en vain de ses grandeurs
    Mortes, parmi les chants et les lourdes odeurs.

    Venise qui pâlit, Dogaresse mourante,
    Et Florence qui fut la maîtresse de Dante.

    J’ai vu l’Hellade où pleure un écho de syrinx,
    Et l’Egypte accroupie en face du grand Sphinx,

    J’ai vu, près des flots sourds que la nuit rassérène,
    Ces lourds vergers qui sont l’orgueil de Mytilène.

    J’ai vu des îles d’or aux temples parfumés,
    Et ce Yeddo, plein de voix frêles de mousmés.

    Au hasard des climats, des courants et des zones,
    J’ai vu la Chine même avec ses faces jaunes…

    J’ai vu les îles d’or où l’air se fait plus doux,
    Et les étangs sacrés près des temples hindous,

    Ces temples où survit l’inutile sagesse…
    Je te donne tout ce que j’ai vu, ma maîtresse !

    Je reviens, t’apportant mes ciels gris ou joyeux.
    Toi que j’aime, voici l’offrande de mes yeux.

     

    Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :

    Alex : Mot-à-mots Alinea66 : Des Livres… Des Histoires…Anne : Des mots et des notes, Azilis : Azi lis, Cagire : Orion fleur de carotte, Chrys : Le journal de Chrys, Ckankonvaou : Ckankonvaou, Claudialucia : Ma librairie, Daniel : Fattorius, Edelwe : Lectures et farfafouilles, Emmyne : A lire au pays des merveilles, Ferocias : Les peuples du soleil, George : Les livres de George, Hambre : Hambreellie, Herisson08 : Délivrer des livres?, Hilde : Le Livroblog d’Hilde , Katell : Chatperlipopette, L’Ogresse de Paris : L’Ogresse de Paris, L’or des chambres : L’Or des Chambres, La plume et la page : La plume et la page, Lystig : L’Oiseau-Lyre (ou l’Oiseau-Lire), Mango : Liratouva, MyrtilleD : Les trucs de Myrtille, Naolou : Les lectures de Naolou,Oh ! Océane !, Pascale : Mot à mot, Sophie : Les livres de Sophie, Wens : En effeuillant le chrysanthème, Yueyin : Chroniques de lectures

     

  • Le temps efface tout il n'éteint pas les yeux

    Monday sucks, je vous le disais ce matin. Encore plus en cette fin de journée où j’apprends la mort d’Annie Girardot. Je ne vais pas m’étaler sur le sujet ou faire dans le pathos, juste rappeler quelle actrice merveilleuse elle à été, même si le  milieu du cinéma l’a boudée un temps… Je me rappelle de sa beauté dans ses films de jeunesse, sa présence sublime et drôle parfois…

    Annie girardot, cinema, marcel proust,

     

     

    Annie girardot, cinema, marcel proust,

    J’ai une expression merdique pour signifier que je vais peu au cinéma, je dis que je n’aime que les films avec des acteurs morts dedans. Vraiment merdique comme expression… Mais elle se confirme…

     

    Sa mémoire s’était envolée, triste destin de celle qui marque les nôtres, de mémoire.

    Et sur ce temps qui passe, cruel et froid, me revient ce poème de Marcel Proust, avec ses quelques vers qui me mettent les larmes aux yeux ce soir.

    Ne lisez rien de moi ici, mais lisez ces lignes, et si elles ne vous vrillent pas le cœur, alors c’est que vous n’en avez plus… 

     

    Je contemple souvent le ciel de ma mémoire

    Le temps efface tout comme effacent les vagues
    Les travaux des enfants sur le sable aplani
    Nous oublierons ces mots si précis et si vagues
    Derrière qui chacun nous sentions l'infini.

    Le temps efface tout il n'éteint pas les yeux
    Qu'ils soient d'opale ou d'étoile ou d'eau claire
    Beaux comme dans le ciel ou chez un lapidaire
    Ils brûleront pour nous d'un feu triste ou joyeux.

    Les uns joyaux volés de leur écrin vivant
    Jetteront dans mon cœur leurs durs reflets de pierre
    Comme au jour où sertis, scellés dans la paupière
    Ils luisaient d'un éclat précieux et décevant.

    D'autres doux feux ravis encor par Prométhée
    Étincelle d'amour qui brillait dans leurs yeux
    Pour notre cher tourment nous l'avons emportée
    Clartés trop pures ou bijoux trop précieux.

    Constellez à jamais le ciel de ma mémoire
    Inextinguibles yeux de celles que j'aimai
    Rêvez comme des morts, luisez comme des gloires
    Mon cœur sera brillant comme une nuit de Mai.

    L'oubli comme une brume efface les visages
    Les gestes adorés au divin autrefois,
    Par qui nous fûmes fous, par qui nous fûmes sages
    Charmes d'égarement et symboles de foi.

    Le temps efface tout l'intimité des soirs
    Mes deux mains dans son cou vierge comme la neige
    Ses regards caressants mes nerfs comme un arpège
    Le printemps secouant sur nous ses encensoirs.

    D'autres, les yeux pourtant d'une joyeuse femme,
    Ainsi que des chagrins étaient vastes et noirs
    Épouvante des nuits et mystère des soirs
    Entre ces cils charmants tenait toute son âme

    Et son cœur était vain comme un regard joyeux.
    D'autres comme la mer si changeante et si douce
    Nous égaraient vers l'âme enfouie en ses yeux
    Comme en ces soirs marins où l'inconnu nous pousse.

    Mer des yeux sur tes eaux claires nous naviguâmes
    Le désir gonflait nos voiles si rapiécées
    Nous partions oublieux des tempêtes passées
    Sur les regards à la découverte des âmes.

    Tant de regards divers, les âmes si pareilles
    Vieux prisonniers des yeux nous sommes bien déçus
    Nous aurions dû rester à dormir sous la treille
    Mais vous seriez parti même eussiez-vous tout su

    Pour avoir dans le cœur ces yeux pleins de promesses
    Comme une mer le soir rêveuse de soleil
    Vous avez accompli d'inutiles prouesses
    Pour atteindre au pays de rêve qui, vermeil,

    Se lamentait d'extase au-delà des eaux vraies
    Sous l'arche sainte d'un nuage cru prophète
    Mais il est doux d'avoir pour un rêve ces plaies
    Et votre souvenir brille comme une fête.

     

    Voilà, une femme s’éteint, avec elle une partie de ce monde…

     

  • Poésie du dimanche

     

    On reprend les bonnes habitudes mes lapins, avec une poésie en ce dimanche. Façon, je pouvais pas assurer plus, avec le gouter d'anniversaire de mon fils hier, je suis vannée, morte, cassée, à plat, et si tu as d'autres synonymes pour parler de ma fatiguitude, je prends....

    tumblr_lgifyxwzTD1qzyjwco1_500.jpg

     

    Prête aux baisers résurrecteurs - Paul Eluard

    Pauvre je ne peux pas vivre dans l’ignorance
    Il me faut voir entendre et abuser
    T’entendre nue et te voir nue
    Pour abuser de tes caresses

    Par bonheur ou par malheur
    Je connais ton secret pas coeur
    Toutes les portes de ton empire
    Celle des yeux celle des mains
    Des seins et de ta bouche où chaque langue fond
    ET la porte du temps ouverte entre tes jambes
    La fleur des nuits d’été aux lèvres de la foudre
    Au seuil du paysage où la fleur rit et pleure
    Tout en gardant cette pâleur de perle morte
    Tout en donnant ton coeur tout en ouvrant tes jambes

    Tu es comme la mer tu berces les étoiles
    Tu es le champ d’amour tu lies et tu sépares
    Les amants et les fous
    Tu es la faim le pain la soif l’ivresse haute

    Et le dernier mariage entre rêve et vertu.

     

  • Une dernière poésie, pour le moment

    Note programmée.

    Donne moi tes mains - Louis Aragon

    Donne-moi tes mains pour l’inquiétude
    Donne-moi tes mains dont j’ai tant rêvé
    Dont j’ai tant rêvé dans ma solitude
    Donne-moi tes mains que je sois sauvé

    Lorsque je les prends à mon pauvre piège
    De paume et de peur de hâte et d’émoi
    Lorsque je les prends comme une eau de neige
    Qui fond de partout dans mes mains à moi

    Sauras-tu jamais ce qui me traverse
    Ce qui me bouleverse et qui m’envahit
    Sauras-tu jamais ce qui me transperce
    Ce que j’ai trahi quand j’ai tressailli

    Ce que dit ainsi le profond langage
    Ce parler muet de sens animaux
    Sans bouche et sans yeux miroir sans image
    Ce frémir d’aimer qui n’a pas de mots

    Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
    D’une proie entre eux un instant tenue
    Sauras-tu jamais ce que leur silence
    Un éclair aura connu d’inconnu

    Donne-moi tes mains que mon cœur s’y forme
    S’y taise le monde au moins un moment
    Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
    Que mon âme y dorme éternellement.