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Poésie - Page 16

  • Impatience du dimanche

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    Du vrac ? En voilà !

     

    J’ai regardé une émission passionnante sur le Machu Picchu, sur Arte hier soir.  Je connais mal les civilisations d’Amérique du sud, alors c’est toujours un moment intéressant. Tu te rends compte de tout ce que nous ignorons (enfin moi) sur 99 % des civilisations passées et présentes de la planète ? Comment acceptons nous de vivre dans un monde sans chercher constamment à le connaître, à l’aimer, à l’admirer ? Il y a tant d’occasions d’être étonné, époustouflé, ému. Et que faisons-nous ? Nous passons la semaine à travailler, pour des sommes plus ou moins intéressantes, qui finiront toutes dépensées en des loisirs somme toute si vains ? Et la connaissance ? Et l’apprentissage, l’expérience ? Comment nous grandir à nos propres yeux, quand il ne s’agit plus pour nous que de chercher à vivre dans une société donnée avec des buts qui ne sont que la satisfaction de besoins vitaux (ou pas) immédiats.

     

    La rentrée scolaire est passée, bien passée. L’année entamée, et mon fils me donne déjà la liste des petits camarades qu’il veut inviter, quasi tous les samedis. Me voilà à courir après les mères de famille pour chopper numéro de téléphone et mail, convenir de goûter à la maison etc. ça me fait tout bizarre de « jouer » à la maman… Je ne joue pas, évidemment, mais je veux dire que ce n’est jamais évident pour moi ce rôle….

     

    Je reçois pas mal de spams de Bernard Tapie et Patrick Bruel, chacun pour une entreprise de merde que je réprouve. Franchement que ces types déjà bien fortunés se servent de leur célébrité pour conduire des gens à dépenser inutilement leur pognon, voilà qui me donne envie de leur taper dessus… Exactement comme ces pubs Cofidis ou autres, qui proposent des crédits à la consommation, à des taux proches de l’usure. C’est un scandale national, auquel la loi commence à peine à s’intéresser. J’en reparlerais plus tard, parce que je m’y intéresse et que j’avais envisagé des actions à l’encontre de ces organismes voleurs et irresponsables.

     

    J’ai momentanément fait une infidélité à Kusmi et Mariages Frères : j’ai trouvé de nouveaux parfums de thé sympa dans les rayons de mon carrouf’ préféré. Thé blanc-Litchi, Thé blanc-Framboises et Fraise-Rhubarbe. J’avoue que les associations sont parfaites, fraîches et délicates !

     

    Je me suis inscrite au challenge Jonathan Coe, tous les détails chez June !

     

    N’oubliez pas le challenge Daphnée Du Maurier, dont les détails sont là !

     

    Pour ce jour, on termine avec une poésie ?  

    L'Impatient - Paul Eluard - In Capitale de la Douleur

    Si triste de ses faux calculs
    Qu’il inscrit ses nombres à l’envers
    Et s’endort.

    Une femme plus belle
    Et n’a jamais trouvé,
    Cherché les idées roses des quinze ans à peine,
    Ri sans le savoir, sans un compliment
    Aux jeunesses du temps.

    À la rencontre
    De ce qui passait à côté
    L’autre jour,

    De la femme qui s’ennuyait,
    Les mains à terre,
    Sous un nuage.

    La lampe s’allumait aux méfaits de l’orage
    Aux beaux jours d’Août sans défaillances,
    La caressante embrassait l’air, les joues de sa compagne,
    Fermait les yeux
    Et comme les feuilles le soir
    Se perdait à l’horizon.

  • Lazy Lady

     

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    Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
    Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
    Je vois se dérouler des rivages heureux
    Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ;

    Une île paresseuse où la nature donne
    Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
    Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
    Et des femmes dont œil par sa franchise étonne.

    Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
    Je vois un port rempli de voiles et de mâts
    Encor tout fatigués par la vague marine,

    Pendant que le parfum des verts tamariniers,
    Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
    Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.

    Parfum Exotique - Charles Baudelaire

     

    Le poète de la paresse à mes yeux reste Charles Baudelaire. La paresse, ce n’est pas un vice, ce n’est pas un défaut… La paresse, la langueur, la nonchalance, c’est l’écoute que l’on s’accorde à soi-même et au monde qui nous entoure.

    La paresse n’est pas la fainéantise. Paresser est une douce langueur, une chaleur qui envahit le corps, qui engourdit l’esprit gentiment.

    Se lever tranquillement, sans la crainte d’un horaire à respecter, d’une obligation à assurer… Prendre le temps de soi, écouter ses envies les plus simples. Envie de se faire un thé, le boire au calme, mettre une jolie robe, voir qu’il est déjà si tard, mais le temps n’est rien.

    Paresser c’est savourer à l’avance la promenade inutile qu’on fera. S’arrêter au square de la Tour Saint-Jacques, juste pour regarder la tour… regarder les pigeons avant de reprendre le chemin non tracé. Les vitrines des boutiques sont un point de mire agréable, s’y attarder, comme ça, pour rien, juste pour regarder.

    Mais le véritable plaisir de la paresse vient plus tard, de retour à la maison. Allongée sur le lit, les pieds au mur, les mains sur le ventre, et ne rien faire que regarder les détails ignorés. Fermer les yeux et laisser son esprit vagabonder, loin, dans les étoiles.

    S’il y a un paradis sur Terre, il est dans ses bras, dans sa voix, dans son regard. Ne rien faire avec celui qu’on aime, c’est ne plus avoir peur de rien, des jugements, des silences, du vide. Pas besoin de combler un manque par une activité quelconque, se forcer à quoi que ce soit. Passer la nuit à parler, discuter des petites choses qui émerveillent.

    Etre avec lui, s’aimer et se taire en confiance…  Ne rien faire, seule ou avec lui, ce n’est pas que de la paresse : c’est comprendre que l’on n’a pas peur de la personne que l’on est…

     

    Voilà Sandra mon image idéalisée de la paresse.

  • Mon ange

    Parfois la vie est une pute qui nous met plus bas que terre. Parfois la vie est une sainte qui nous offre des miracles inattendus.

    L’un dans l’autre, les jours passent et il ne reste que l’amour dans tout ce fatras.

     

     

     

    CET AMOUR - Jacques Prévert

    Cet amour
    Si violent 
    Si fragile 
    Si tendre 
    Si désespéré 
    Cet amour 
    Beau comme le jour 
    Et mauvais comme le temps
    Quand le temps est mauvais
    Cet amour si vrai
    Cet amour si beau
    Si heureux
    Si joyeux
    Et si dérisoire
    Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
    Et si sûr de lui 
    Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
    Cet amour qui faisait peur aux autres
    Qui les faisait parler
    Qui les faisait blêmir
    Cet amour guetté 
    Parce que nous le guettions 
    Traqué blessé piétiné achevé nié oublié 
    Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié 
    Cet amour tout entier 
    Si vivant encore 
    Et tout ensoleillé 
    C'est le tien 
    C'est le mien 
    Celui qui a été 

    Cette chose toujours nouvelles 
    Et qui n'a pas changé 
    Aussi vraie qu'une plante 
    Aussi tremblante qu'un oiseau 
    Aussi chaude aussi vivante que l'été 
    Nous pouvons tous les deux 
    Aller et revenir 
    Nous pouvons oublier 
    Et puis nous rendormir 
    Nous réveiller souffrir vieillir 
    Nous endormir encore 
    Rêver à la mort 
    Nous éveiller sourire et rire 
    Et rajeunir 
    Notre amour reste là 
    Têtu comme une bourrique 
    Vivant comme le désir 
    Cruel comme la mémoire 
    Bête comme les regrets 
    Tendre comme le souvenir 
    Froid comme le marbre 
    Beau comme le jour 
    Fragile comme un enfant 
    Il nous regarde en souriant 

    Et il nous parle sans rien dire 
    Et moi j'écoute en tremblant 
    Et je crie 
    Je crie pour toi 
    Je crie pour moi 
    Je te supplie 
    Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment 
    Et qui se sont aimés 
    Oui je lui crie 
    Pour toi pour moi et pour tous les autres 
    Que je ne connais pas 
    Reste là 
    Là où tu es 
    Là où tu étais autrefois 
    Reste là 
    Ne bouge pas 
    Ne t'en va pas 
    Nous qui sommes aimés 
    Nous t'avons oublié 
    Toi ne nous oublie pas 
    Nous n'avions que toi sur la terre 
    Ne nous laisse pas devenir froids 
    Beaucoup plus loin toujours 
    Et n'importe où 
    Donne-nous signe de vie 

    Beaucoup plus tard au coin d'un bois 
    Dans la forêt de la mémoire 
    Surgis soudain 
    Tends-nous la main 
    Et sauve-nous.

     

  • Le mystère est le meilleur artisan du merveilleux

    ...et Ursula Le Guin s'y connait en merveilleux !

     

    Chaque jour recèle son lot de merveilleux. Je cherche des catoplébas et je tombe sur Pline l' Ancien et Elien le Sophiste...

    En attendant de trouver cet animal fabuleux, je revois la vision inégalée de beauté de Rimbaud.


    Une saison en Enfer - Jadis, si je me souviens bien...

    « Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.

    Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. — Et je l’ai trouvée amère. — Et je l’ai injuriée.

    Je me suis armé contre la justice.

    Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié !

    Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.

    J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie.

    Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.

    Or, tout dernièrement m’étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j’ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.

    La charité est cette clef. — Cette inspiration prouve que j’ai rêvé !

    « Tu resteras hyène, etc…, » se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. « Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux. »

    Ah ! j’en ai trop pris : — Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l’écrivain l’absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.

     

     

     

  • L'art est dans l'infini détail...

    ...et Federico Fellini était un grand artiste

     

    La lourdeur de l’été ralentit toujours ces lieux. J’aurais beaucoup de choses à vous raconter ! Non pas que ma vie soit devenu brusquement passionnante, mais les expériences s’accumulent…

    Sortir, prendre le soleil, découvrir de nouveaux plaisir en s’accordant de regarder les choses différemment, voilà déjà le début d’un changement heureux…

    Regarder la vie ne nous met pas forcément en position de passivité. Au contraire. Regarder correctement demande un travail, un certain talent. Voir les détails, le détail. La petite chose subtile qui apportera l’incroyable sensation de contentement que certaines grandes occasions ne savent pas satisfaire. Etrange. Etrange comme le détail invisible et inconnu de tous, suffit à mettre en joie.

    Dans un poème, juste un vers suffira à embellir ma journée, la musique de ces mots, le souvenir qui m’accompagnera la journée entière, un rien qui suffit à tout !

    Rester des heures, allongées sur le dos, les jambes au mur, à regarder les détails alentour, voilà au moins une des choses que favorise la langueur de l'été...

    La vie c’est un joli carnet où je consigne ces détails ; un mot, un dessin, trois notes qui s’entrechoquent agréablement. Nous sommes sur Terre pour si peu de temps, tellement de détails à dénicher et si peu de temps pour ça…

    A celui qui fait l’économie de ses sentiments, à celui qui ne galvaude pas ses gestes, à celui qui sait voir le détail : à celui dont je pourrais guetter les prémisses d’un sourire…

     

     

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    Mikhaïl Lermontov - Sourire

     

    Quand je te vois sourire,
    Mon cœur s’épanouit,
    Et je voudrais te dire,
    Ce que mon cœur me dit !

    Alors toute ma vie
    A mes yeux apparaît ;
    Je maudis, et je prie,
    Et je pleure en secret.

    Car sans toi, mon seul guide,
    Sans ton regard de feu
    Mon passé paraît vide,
    Comme le ciel sans Dieu.

    Et puis, caprice étrange,
    Je me surprends à bénir
    Le beau jour, oh mon ange,
    Où tu m’as fait souffrir !