Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les livres - Page 30

  • Love etc.

     

    Bon, après un morceau d’anthologie musicale, j’ai pensé continuer ce voyage vers la culture, la vraie, avec un petit bouquin de derrière les fagots, dont je pense que tu n’en lis pas tous les matins (ou alors arrête…)

    Je ne ferais pas plus de mystère : en ce jour glorieux je te propose l’exégèse d’un auteur renommé et tout rose. Elle :

    rose.jpg

    Barbara Cartland. Je te rassure, c’est saine de corps et d’esprit que je me suis lancée dans cette affaire, afin d’apporter ma modeste contribution à la drolatique initiative du blog Happy Few : Les Harlequinades 2010.

     

    lop.jpg

    Rien que pour afficher le logo, j’avais envie de participer penses-tu. Ça claque sa chatte non ce logo ?

    Alors les Harlequinades c’est quoi ? C’est lire un roman Harlequin ou assimilé, y survivre et le raconter.

    J’ai jeté mon dévolu sur ce truc là, regarde :

    m_SN152239.jpg


    Ça s’appelle «  à bord du Diamant bleu »,  ça fait dans les 153 pages, et c’est paru en poche « J’ai lu – pour elle » véridique le  « pour elle ». Que font les Chiennes de Garde bordel ?

    La couverture chatoyante nous montre un homme ténébreux à la belle chemise blanche (j’aime les belles chemises blanches, je suis la bonne cible) et une jeune femme blonde avec une robe proprement, heu...immonde ? Rose ? Moche ? Chargée ? Tout ça à la fois. Comme j’ai un master 2 en divination couvertorale littéraire, j’en déduis que nous avons là le héros et l’héroïne, en proie à une (future) folle passion.

    Tu veux le quatrième de couverture ? Tu le veux, hein, ne dis pas non, je vois ta lèvre frémir, miam.. Alors donc, je cite : « à dix-huit ans, l’impétueuse Tamina de Braithwaite est de toutes les fêtes. Follement éprise d’Edmund Newson, jeune politicien plein d’avenir, elle espère l’épouser dès que ses parents seront rentrés de Russie. Hélas, alors que tout semble aller pour le mieux, elle apprend qu’Edmund est fiancé à une autre ! Il lui a menti et seule l’ambition l’a poussé à demander sa main. Ulcérée, la jeune fille décide de fuir cet être abject. Or, le comte Ian de Daventry, qui s’embarque très bientôt pour Madère, est à la recherche d’une secrétaire trilingue. Lui aussi a eu une déception amoureuse. Deux cœurs blessés…La beauté d’une île enchanteresse… et c’est peut-être plus qu’un voyage qui commence… »

    Voilà, tu constateras que l’aimable rédacteur de ce résumé a su rester dans le ton enchanté de Dame Barbara Cartland, tel que j’ai pu le constater en lisant ces 153 pages. C’est vachement beaucoup finalement 153 pages, moi qui croyais adorer les pavés…

    Bref le pitch : Tamina rencontre un jeune godelureau (moi aussi j’ai du vocabulaire) qui lui dit je t’aime, elle lui dit je t’aime aussi, mais las, il était fiancé en cachette à une GOUVERNANTE !! Merde quoi ! T’es la fille de Lord de Braithwaite et tu passes après une gouvernante… Mais en fait notre galant (c’est un synonyme de godelureau) Edmund Newson, n’est qu’un vil ambitieux qui veut épouser Tamina rapport à sa place dans la haute société. Les mecs, c’est vraiment que des méchants. C’est ce que se dit Tamina. Elle a la rage même… Mais elle ne se laisse pas abattre, au contraire « En fronçant ses sourcils à l’arc parfait, d’une nuance plus soutenue que celle de ses cheveux, elle réfléchissait. » oui elle réfléchit la blonde (et ça me fait penser que l’arc de mes sourcils est pas super parfait en ce moment…)

    Pendant ce temps, Ian de Daventry lui, apprend que la femme qu’il courtise est secrètement fiancée à un vieux riche américain. Enfin, secrètement, pas vraiment, puisque tout Londres  semble au courant sauf lui. Et qui le lui apprend ce secret de polichinelle ? Bah Tamina tiens, par hasard à un bal masqué. Bref, les femmes sont toutes des salopes pensent Ian et lui aussi il a grave la rage. Alors il veut quitter Londres pour un moment. Tiens, comme Tamina… Il embarque à bord du paquebot le Diamant bleu, vers Madère, pour écrire un guide, genre le Petit Futé mais de l’époque tu vois, avec les meilleures salles de bal de Madère, les maîtres d’armes les plus cool etc. Mais il faut à Ian une secrétaire trilingue (je ne sais pas pourquoi trilingue…) pour prendre des notes. Il engage Tamina sans savoir que c’est Tamina et sans que celle-ci sache que c’est le mec du bal du début du bouquin, tu suis ? Bref Tamina embarque sous une fausse identité pour fuir son désespoir amoureux. Elle se déguise en secrétaire : mais « elle ne se rendait pas compte que la sévérité de sa tenue donnait encore plus de relief à son ravissant visage éclairé par de grands yeux couleur saphir ».

    Evidemment à bord, elle finit par tomber amoureuse de Ian, qui porte des « jaquettes à la coupe parfaite » et Ian, faisant fi des conventions, tralalalère, sent qu’il tombe amoureux de sa secrétaire « aux yeux de saphir et aux boucles blondes qui cascadent sur ses épaules ».

    Arrivés à Madère, on retrouve le méchant Edmund, il y a une histoire d’amour parallèle mettant en scène le courageux valet du Conte Ian et une méritante jeune fille du peuple, bref ça finit en bagarre sur un promontoire rocheux et Tamina qui reçoit un léger baiser de Ian, après une vile tentative d’enlèvement de Edmund.

    Si c’est pas so romantic tout ça ?

    Alors qu’apprend-t-on grâce à Dame Barbara ? Que les jeunes anglaises sont impétueuses, que l’on peut filer se marier vite fait à Gretna Green (si ça te dit...)  Que les choses sont bien faites puisque le comte s’il tombe amoureux de Tamina c’est que celle-ci dégage une classe et une noblesse innée, que des oripeaux de secrétaires ne sauraient cacher. On retient aussi qu’une héroïne digne de ce nom doit avoir un prénom tout pourrie (j’ai aussi repéré une Kamala dans un autre récit…)

    A part ça j’ai surtout retenu que je n’en lirai pas un second avant un paquet de temps…

    Quand on sait que Dame Barbara est la marraine de Lady Di, moi je dis qu’il y a un truc à creuser sur les errements sentimentaux de la demoiselle…

     

    Bon, comme c’est jeudi, c’est aussi citation, ce n’est pas Chiffonette qui nous contredira. Alors pour rester dans cette joyeuse thématique de l’amour, laissons le mot de la fin à un autre anglais, au style un peu moins rose bonbon, Oscar Wilde :

    « L'homme veut être le premier amour de la femme, alors que la femme veut être le dernier amour de l'homme. »

     

     

    citation.gif

     

    Sur ce, à demain !

  • Méli-mélo du mardi

    Un peu de tout aujourd’hui !

    Récapitulatif sur le challenge Daphné du Maurier : les billets déjà publiés sont linkés dans le billet dédié, à savoir .

     

    daphné.jpg

     

    Si quelqu’un souhaite s’inscrire, il est toujours temps ! Et je songe à repousser la date limite de publication des participations au 31 décembre 2010, histoire d’avoir une date butoir plus lisible, et de laisser un peu de temps aux récents inscrits.

    Pour ma part, je me suis inscrit à deux challenges littéraires supplémentaires.  D’abord le challenge Jonathan Coe. J’adore cet écrivain depuis Testament à l’anglaise. Je vais me faire plaisir en le relisant, et enfin je pourrais me pencher sur les autres romans de lui qui sont en souffrance dans ma PAL.

    challenge-coe3-2.jpg


    Ensuite, j’ai découvert par hasard le challenge Tour du Monde : il s’agit de lire cinquante livres d’auteurs de nationalités différentes. Les détails .

    logo3.JPG


    Je crois que je tends de plus en plus à fréquenter les blogs purement livresques. Vous allez me trouver bête (ou pas…) mais je me l’interdisais, au sens où n’étant pas moi-même un blog 100% bouquins, j’avais l’impression que mes impressions justement, ne serait pas intéressantes, voire qu’elles seraient comme un chien dans un jeu de quilles. Bref, on est parfois bête…

    L’automne est là et bien là. J’avoue que j’apprécie cette saison, la pluie, le vent le froid, j’aime. Pourtant je suis née bien au sud… Les couleurs de l’automne, l’ambiance, tout me plait. Et j’attends avec plus d’impatience encore l’hiver ! J’aime m’emmitoufler dans de grands manteaux, m’enrouler dans des écharpes douces et chaudes…. J’ai hâte !

    La rentrée télé est bien amorcée, et si je ne suis pas très fan des trucs qui passent sur les chaines privées, genre la téléréalité ou les émissions de classements à la con, j’aime jeter un œil de temps en temps sur France 5, Arte, France Ô, pour les émissions originales qu’elles proposent. Oui, même à la télé, je suis pour le Service Public J ! Bref, je ne suis pas téléphage, mais France TV viens à mon secours (et peut-être au votre ?) avec une série de quatre petit clip «  à l’heure de France Télévision », qui présentent les programmes et les animateurs et journalistes de la grille de rentrée. Je vous en mets un, que j’ai choisi parce qu’il y a l’idole de Manu, Nelson Montfort !

    (billet non sponsorisé je précise ^^)

     

     

    Et un grand grand merci à ma NJC que j'aime, pour son explication "les liens dans une photo pour les nuls" ! Et oui, si tu cliques qur les images, tu arrives directement aux billets concernés. Un petit pas pour toi, un grand pour moi ! Merci encore Daydreamer pour ton aide !

  • Ce qui ne change pas...

    citation.gif

     

    Citation du jeudi ! De circonstance !

    « Il fut terrible, jamais il n'avait parlé si violemment. D'un bras, il maintenait le vieux Bonnemort, il l'étalait comme un drapeau de misère et de deuil, criant vengeance. En phrases rapides, il remontait au premier Maheu, il montrait toute cette famille usée à la mine, mangée par la Compagnie, plus affamée après cent ans de travail; et, devant elle, il mettait ensuite les ventres de la Régie, qui suaient l'argent, toute la bande des actionnaires entretenus comme des filles depuis un siècle, à ne rien faire, à jouir de leur corps. N'était-ce pas effroyable? un peuple d'hommes crevant au fond de père en fils, pour qu'on paie des pots-de-vin à des ministres, pour que des générations de grands seigneurs et de bourgeois donnent des fêtes ou s'engraissent au coin de leur feu! Il avait étudié les maladies des mineurs, il les faisait défiler toutes, avec des détails effrayants: l'anémie, les scrofules, la bronchite noire, l'asthme qui étouffe, les rhumatismes qui paralysent. Ces misérables, on les jetait en pâture aux machines, on les parquait ainsi que du bétail dans les corons, les grandes Compagnies les absorbaient peu à peu, réglementant l'esclavage, menaçant d'enrégimenter tous les travailleurs d'une nation, des millions de bras, pour la fortune d'un millier de paresseux. Mais le mineur n'était plus l'ignorant, la brute écrasée dans les entrailles du sol. Une armée poussait des profondeurs des fosses, une moisson de citoyens dont la semence germait et ferait éclater la terre, un jour de grand soleil. Et l'on saurait alors si, après quarante années de service, on oserait offrir cent cinquante francs de pension à un vieillard de soixante ans, crachant de la houille, les jambes enflées par l'eau des tailles. Oui  le travail demanderait des comptes au capital, à ce dieu impersonnel, inconnu de l'ouvrier, accroupi quelque part, dans le mystère de son tabernacle, d'où il suçait la vie des meurt-de-faim qui le nourrissaient! On irait là-bas, on finirait bien par lui voir sa face aux clartés des incendies, on le noierait sous le sang, ce pourceau immonde, cette idole monstrueuse, gorgée de chair humaine ! »

     

    Emile Zola – Quatrième partie – Chapitre sept

     

    dans_greve_il_y_a_reve.jpg

     

    Voilà, du XIXème au XXIème siècle, les problématiques restent les mêmes. Ceux qui ont déjà beaucoup, en veulent encore plus, quitte à écraser la masse des pauvres. C’est l’ordre des choses semble-t-il : il faut des maîtres et des valets. Et les maitres ont de moins en moins mauvaise conscience à écraser la face des valets. Faire travailler la masse jusqu’à l’usure, mégoter sur une retraite aussi inconsistante que ridicule, en appeler toujours et encore à la crise, à l’équilibre des comptes, tout ça pendant que la table des plus riches reste bien garnie, elle. La novlangue règne : on appelle progrès des régressions sans pareil.

    Voilà, rien ne change, rien n’est jamais acquis. Jamais.

  • Comédie new-yorkaise

     

    Entamer un roman c’est comme un premier rendez-vous, on se demande où cela nous mènera, et si éventuellement il y aura une deuxième fois. Cela fait bien longtemps que les auteurs contemporains que je lis n’ont pas bénéficié de ce second rendez-vous. Des romanciers m’ont plu, d’autres m’ont déçu, peu m’ont emballé. Ou plutôt, peu se sont imposés comme une simple évidence.

    David Schickler a failli m’échapper. J’ai acheté Comédie new-yorkaise en poche il y a quelques mois, intéressée par le résumé en quatrième de couverture. Puis j’avais lu une critique sur le blog d’une nana que je ne supporte pas, et bon je suis un peu con des fois, ça m’a fait chier. Et puis j’ai fini par trouver la couverture du poche criarde… Bref, j’avais des tonnes d’autres lectures en cours, et j’ai oublié ce pauvre David dans un coin…

     

    david.jpg

     

    Puis, la semaine dernière, alors que je cherchais un poche pour m’accompagner en salle d’attente (je squatte chez un médecin en ce moment, je crois qu’il m’aime bien, il me fait revenir souvent #méthodecoué, ou alors c’est juste que je suis malade, le fourbe !)  je cherchais donc un poche et j’ai aperçu ce bleu moche de la couv’, et je me suis dit why not. Je n’aime pas ne pas lire un bouquin que j’ai choisi. C’est un fort sentiment d’échec. Je crois bien que je n’ai jamais délaissé un bouquin, même que je détestais en lisant. Je n’y arrive pas. Du coup, quand je me force à finir un truc nul, je suis envahi d’un fort sentiment de colère (dites donc, j’en ai des forts sentiments ?) Bref c’est toujours une épreuve, et j’avoue que j’ai éprouvé en trois, quatre ans de forts sentiments (oui encore..) de colère envers Marc Lévy (ouatellesse ?) Guillaume Musso, Anna Gavalda, Katherine « je fume du crack avant de trouver un titre à mes romans » Pancol, Muriel Barbery, Stephenie Meyer, J.K Rowling etc. etc. Bref, j’ai prié très fort Hermès Trismégiste, puis je me suis lancé dans cette Comédie new-yorkaise.

    Ô Dieu ! La Littérature est un Mystère et Hermès est trois fois grand ! David Schickler mérite d’être au Panthéon !

    Ce roman est curieux et si court (303 pages dévorées d’une traite) et tellement sensible, vous savez au sens photographique du terme : il imprime quelque chose en vous.

    Alors, de quoi s’agit-il ?

    Voilà le mot de l’éditeur : « Imaginez un très vieil immeuble de l’Upper West Side, le Preemption, au coin de la 82e Rue et de Riverside Drive. Une de ces tours mythiques, presque gothiques, avec gargouilles, clochetons et mâchicoulis – on croit parfois y voir rôder le spectre de John Lennon ou le double de Mia Farrow. Tous ceux qui l’habitent – un comptable timide qui parle aux ascenseurs, un acteur raté, un étrange séducteur, une jeune fille à la recherche de l’amour, etc. – participent, sans le savoir, d’une même conspiration, ourdie par David Schickler. Hommage ironique et tendre à toutes les comédies américaines – qu’elles soient musicales, policières, sexy ou simplement comiques –, ce roman s’adresse à tous ceux que Manhattan, Central Park ou Greenwich Village font encore rêver. Entre le New York de Woody Allen, les bars branchés de Sex and the City et le monde magique d’Adorable voisine, David Schickler invente une géographie mystérieuse qui n’appartient qu’à lui. »

    Honnêtement, on s’en fiche royalement du mot tout pourri de l’éditeur, car s’il aborde un peu les méandres du livre, il ne dit rien du style si particulier de l’auteur.

    L’histoire… Il est écrit roman, et c’en est un. Au début j’ai été perturbé, car chaque chapitre était tellement indépendant du précédent qu’on aurait plus dit un recueil de nouvelles, avec parfois un rappel furtif d’un personnage précédemment vu.

    Donc chaque chapitre nous présente un habitant de l’immeuble Preemption, avec la galerie de personnages qui gravite autour de lui. Les personnages principaux d’un chapitre deviennent les héros secondaires d’un autre, et les intrigues entamées à un point, sont dénouées à un autre point. Ce sont des entrelacs étranges de lieux et de personnages. Les caractères font l’objet de profondes descriptions, l’auteur remonte loin dans la psyché de ses personnages, on ne peut que les comprendre et les appréhender comme des connaissances proches, intimes… leur quotidien est fait de bizarrerie, d’étrangeté, de surnaturel presque, comme ce bijoutier imaginaire au fond d’une arrière boutique de sex shop, qui remet un bijou à l’un des personnages. Bijou qui semble prédestiné à LA femme que trouvera ce personnage timide et peu sur de lui.

    L’immeuble Preemption est le personnage central du roman, il nous est présenté au début, avant de voir défiler la galerie des personnages.

    Il y a donc James, ancien bégayeur qui garde au fond de sa poche les boucles d’oreilles en opale attendant la femme idéale. Il y a Checkers qui séduira  Donna, parce qu’il ne veut pas être de ces « affligés » de la vie… Il y  a Patrick, qui toutes les nuits invite chez lui une belle femme qu’il pare de la plus belle robe, avant de la lacérer sur elle et de la forcer à se regarder nue…. Il y a en d’autres encore, tous ont un même point commun. La recherche ou la préservation de l’amour.

    L’écriture est magnifique, simple, claire. Je me suis sentie si tranquille en le lisant, malgré les situations parfois scabreuses. C’est que l’auteur n’use pas de formules alambiquées ou de subterfuges de mauvais écrivains pour décrire des situations pourtant si peu courantes !

    Des extraits ?

    « Leonard Bunce désirait une femme mais manigança de se servir d’une autre. Léonard travaillait à Manhattan, il était avocat dans le cabinet Spuck et Hardison. Les deux femmes y étaient assistantes juridiques. Celle que Leonard désirait était Hannah Glorybrook, celle dont il manigançait de se servir, Alison Shippers.

    Alison avait trente-cinq ans et mesurait un mètre cinquante-huit. Elle était rebondie, avec de gros seins, et un corps vigoureux, mais les hommes l’intimidaient. Elle avait grandi dans le Maine et semblait bâtie pour devenir gardienne de phare ou ouvrière dans une conserverie. Elle avait un appartement à Gramercy Park et portait au bureau des tailleurs qui ne tablaient pas sur sa féminité. Le jeudi soir, elle s’offrait des sushis, unique plaisir citadin qu’elle se permit, puis s’appliquait un masque d’argile et regardait la télévision. Le samedi soir, Alison s’endormait en sanglotant. »

     

    « Les choses se passent parfois ainsi, cela peut arriver. Il peut arriver que la ville fasse un petit signe de la main, qu’elle laisse deux êtres d’éprendre aussi totalement que James et Rally s’éprirent l’un de l’autre. Cette nuit là, ils ne montèrent pas seulement à l’assaut d’une pizzeria, ils prirent un taxi pour faire tout le tour de l’île. En l’honneur de la nouvelle année, le chauffeur leur offrit des buvards d’acide mais ils refusèrent. Leurs propres langues leur suffisaient, ils s’embrassèrent doucement, parlèrent peu. A trois heures du matin, ils étaient chez Rally, dans son appartement de SoHo, dans son lit, apprenant lentement à connaître le corps de l’autre. Ils se caressèrent, se taquinèrent, se sourirent, retardant la consommation. Ils échangèrent des murmures et des orgasmes. Elle lui chanta une chanson qu’elle se rappelait de son enfance. Au lever du soleil, ils sortirent devant la fenêtre sur le palier de l’escalier d’incendie, enveloppés de couvertures, pour regarder la lumière. »

    Voilà. C’est compliqué pour moi de dire pourquoi j’ai apprécié un roman en général. J’aime ou je n’aime pas. J’ai aimé. C’est simple, évident.

    Dommage que la couverture soit si moche….

  • Je marche parce que je dois mourir. Toi, jusqu’à mon retour, tu marcheras sans mourir

    ....ce que répond Jésus à Ahasvérus qui lui refuse un verre d'eau, d'après Jean d' O...

     

    Plus jeune je tripais sur Gérard Manset et Jean-François Cohen, du chanteur pas hyper commercial. Maintenant je voudrais que Lady Gaga et Kanye West se marient et fassent un bébé qu’ils me donneraient, ou alors on se marie tout les trois, je veux bien, du moment qu’ils chantent dans ma salle de bain.

    J’adore Lady Gaga car elle a franchi le mur du son du n’importe quoi capillaire et du portage de maillots de bains en toute occasion. En fait je voudrais vivre dans un clip de Lady Gaga avec la bibliothèque  de Jean d’Ormesson en bonus.

    J’aime Jean d’ Ormesson depuis l’époque du collège. J’étais tombée par hasard sur un de ses ouvrages, « la Gloire de l’Empire » au CDI. Un genre de pastiche historique, si drôle, tellement érudit ! J’ai adoré. Je me suis intéressée d’abord à son œuvre de l’époque, sa passion pour Chateaubriand (auteur que je ne révère pourtant pas plus que ça…) et puis son écriture si fluide, amoureuse d’elle-même presque.

    C’est un des rares auteurs contemporains vers qui je me précipitais acheter la prose en grand format, sans attendre la sortie en poche. « L’Histoire du Juif Errant » avait achevé de me gagner à sa cause. C’était le roman des romans. Le roman de la culture et de l’érudition. Le roman d’amour des Belles-Lettres et de l’Histoire. C’était un voyage inoubliable des rives du Lac de Tibériade à la lagune de Venise… Depuis, on lui fait le reproche d’écrire un peu toujours le même roman. Mais c’est normal et évident : Jean d’ Ormesson écrit depuis des années la plus belle promenade qui soit dans notre patrimoine. Regardez-le nous présenter Poppée et Néron, Chateaubriand et Isaac Laquedem, à moins que ce ne soit Cartaphilus ? Peu importe, si,  à la fin les amoureux peuvent se rejoindre à la Douane de Mer. Il a tout compris à la vanité de la création.

    Jean d’Ormesson est un homme pétillant, au regard étoilé. J’aime qu’il assortisse depuis toujours ses chemises à ses yeux bleus. J’aime le soin qu’il prend à nous conter son Histoire amoureuse du monde. J’aime son cabotinage, parce qu’il cache des strates de connaissances et d’élégance sans pareil.

    Nous sommes lundi. Je n’aime pas le lundi, car il faut reprendre sa marche vers le Rien. On marche tous, pour mourir un jour, mais parfois il semble que des instants simples soient une éternité sans mort, sans peur, sans but, apaisée et enviée.

     

    nuage.jpg